Les anciens moulins d’Obernai
On a compté jusqu’à vingt-quatre moulins sur le ban d’Obernai, au bord de l’Ehn.
A la Révolution, en 1791, il en restait dix-huit en service.
Lors du recensement de l’ingénieur Graeft en 1842, n’en subsistaient que treize. En 1885, six.
Aujourd’hui, vous ne trouverez, sur les rives de l’Ehn que les vestiges de cinq moulins, tous reconvertis en habitations.
La force des eaux qui coulent a donné naissance à des activités diverses. De petites industries sont nées au bord de la rivière. Naturellement, on pense à la fonction première des moulins : moudre. La plupart des moulins permettaient d’obtenir de la farine de blé, d’épeautre, d’orge ou de seigle. Mais à la demande des artisans, l’utilisation de la ‘force’ connut des activités diverses.
- Les moulins à tan. Dans ces petites usines, on broyait l’écorce des chênes pour obtenir le ‘tan’. Les peaux de bêtes devaient macérer de longs mois dans la décoction obtenue, avant d’être utilisées par les tanneurs. A Obernai, le Lohmuehle, si nous en croyons son nom était dévolu à cette tâche. Le Schliffmuehle fut aussi, un temps, un moulin à tan.
- Les foulons à drap. ‘Fouler’ des draps vise à les dégraisser pour les rendre plus doux et plus souples. On plaçait l'étoffe dans une cuve remplie d'eau et de terre glaise, puis elle était frappée successivement par des pilons mus par la force hydraulique.
- Les moulins à huile. Nous sommes en Alsace, les moulins produisaient de l’huile de noix, de colza, de lin et de l’huile de pavot.
- Les moulins à aiguiser. On retrouve partout en Alsace les ‘Schliffmuehle’, de ‘schleifen’ : aiguiser. Ces moulins, nombreux, avaient de multiples fonctions. On y aiguisait les outils, les faux, les couteaux, les armes, certes. Mais, parfois, on y travaillait aussi la pierre, et même, on polissait le verre.
- Obernai avait enfin un moulin à tabac. Après séchage, la plante était découpée mécaniquement avant d’être proposée aux amateurs.
- 1 Tempelsmuehle
- 2 Aumuehle
- 3 Neumuehle
- 4 Steinenfurtermuehle
- 5 Schliffmuehle
- 6 Catharinenmuehle
En 1575, la Catharinenmuehle et les prés qui l'entourent sont achetés par la Ville d'Obernai.
- 7 Lohmuehle
- 8 Claramuehle ou Walkmühle
Ce moulin, comme les deux suivants, est cité dans la paix castrale que signent en 1465 les cousins Philippe et Jean d'Oberkirch. Il appartient alors à Jean de Dorlisheim.
- 9 Obere Schlossmuehle
- 10 Untere Schlossmuehle
Ces moulins étaient situés soit directement sur la rivière, soit sur le canal des moulins, dérivation de l’Ehn et du Weidasch. Aujourd’hui, seuls les vestiges du Tempelsmuehle, du Neumuehle, du Schliffmuehle, des moulins de Catherine et de Clara sont encore visibles. La promenade le long de l’Ehn permet de discerner les différentes prises d’eau, les dérivations.
A la Schliffmuehle, une clé de voûte présente un beau symbole de la confrérie des meuniers. Il porte la date 1789 et les initiales IH, IW et RS.
A la Catharinenmuehle, un bas-relief roman a été retrouvé. On y découvre deux tours surmontées par des arcades lombardes. D’où peut-il bien provenir ?
Les deux moulins dits Schlossmuehle étaient liés au château d’Oberkirch, alors en dehors de la Ville.
- 1 Herrenmuehle
- 2 Gundersmuehle
Ce moulin appartenait aux Hospices d'Obernai.
- 3 Britschmuehle
- 4 Burnenmuehle
Ce moulin est cité dès 1327. Frédéric de Rosheim en fait alors don au Couvent des Recluses d'Obernai. (Closenerinnen)
- 5 Dumenheimermuehle
- 6 Schliffmuehle II
- 7 Moulin Weltz
- 8 Dinsenmuehle
- 9 Alte Laube Muehle
- 10 Mittelmuehle
La Mittelmuehle est l'objet d'une transaction en 1503. Il appartient alors à Sophie de Tuwingen.
- 11 Moulin à tan
- 12 Tabakmuehle
- 13 Guttersmuehle
Ce moulin appartenait à l'évêché. En 1647, il sera confisqué par les Suédois lors de la guerre de Trente ans.
- 14 Moulin à huile
Tous ces moulins ont aujourd’hui disparu. Ils étaient situés soit directement sur l’Ehn qui traversait alors la cité en son centre, soit sur la dérivation qui permettait de remplir les fossés nord de la ville. Au hasard d’une promenade dans les rues d’Obernai, vous trouverez des maisons ornées des emblèmes des meuniers.
Dans son ‘petit livre de l’histoire de sa vie’, le potier d’étain Augustin Güntzer raconte son départ de la ville d’Obernai (1660). Un dessin à la plume accompagne la narration. Vous y découvrez en amont des murs, un des deux moulins d’Oberkirch, les Schlossmuehle, et en aval, en dessous du ‘Swal’, deux moulins. L’un d’eux doit être le Guttersmuehle.
En aval de la ville d’Obernai, Niedernai possédait trois moulins à la famille de Landsberg : Schwalenmühle, Mittelmühle et ‘die andere Mühle’ et Meistratzheim un seul : l’ Ordenmuehle, nous dit J. Foesser. Vous trouvez, à ce sujet, un très bel article, fort complet, sur le site de Niedernai. (http://niedernai-niederehnheim.fr/les trois moulins.htm)
Sur le Weidasch et sur le ban de la commune de Boersch, A.Grau cite la Spiegelmuehle au centre du village, un moulin à blé du couvent des bénédictins de Saint-Léonard, et la Niedermuehle proche de la porte du bas, dont la roue tournait encore en 1900. Sans oublier le moulin Cordan, en face de la gare, ancien moulin à tan qui est ensuite passé au blé.
La commune Ottrott et Klingenthal ont su mettre en valeur la force de l’Ehn. Ce sera la trame d’un prochain article dédié à la Manufacture d’Armes Blanches de Klingenthal.
- Meistratzheim, eine Lokalchronik, J. Foesser, 1939
- Chronique de Boersch, A.Grau, 1952
- Les moulins d’Obernai, H. Sauter, SHABDO 1975
- Emblème des meuniers, à la Schliffmuehle
- Schémas de localisation des moulins, PiP d’après le dessin d’ Henri Sauter.
- Le canal des moulins à l’entrée d’Obernai
- Le barrage de dérivation, à hauteur de l’Aumuehle
- Emblème de meunier boulanger de la Britschmuehle
- Détail d’un dessin d’Augustin Güntzer, ~1660
- Bas-relief roman, retrouvé à la Catharinenmuehle