Frédéric Barberousse, sur le Mont Sainte Odile
Frédéric Barberousse succède à son oncle Conrad sur le trône impérial en 1152. C’est le deuxième membre de la lignée Hohenstaufen qui dirige le Saint Empire. Frédéric partage son règne entre la réorganisation de l’Allemagne et sa lutte contre la Papauté pour assurer les possessions italiennes de l’Empire. Ces deux points résolus, il organise la croisade contre Saladin. Il meurt de façon accidentelle lors de cette expédition en 1190. Certains parlent d’un bain dans le fleuve Saleph après la bataille victorieuse d’Iconium. D’autres penchent pour une chute de cheval lors de la traversée du fleuve à la tête de l’armée. Frédéric aurait été entraîné par le poids de son armure. Il était âgé de 68 ans. Frédéric est enterré dans l’église Saint Pierre d’Antioche.
Lorsqu’il se trouve au nord des Alpes, Frédéric Barberousse réside le plus souvent en Alsace. L’empereur effectue neuf séjours à Haguenau, sa ville natale, qui se voit dotée du château impérial, il séjourne également dans le ‘Burg’ d’Obernai. Joseph Gyss cite de nombreux documents signés à Obernai lors des années 1153, 1178, 1180 et 1181. C’est sa visite de 1153 qui marquera l’histoire du Mont-Sainte-Odile.
Janvier 1153, au tout début du règne, le jeune empereur se déplace en grande pompe à Colmar et à Besançon. Frédéric est accompagné par l’archevêque de Cologne, l’évêque de Strasbourg, le duc Heinrich de Saxe, le comte palatin Otto, le comte Werner de Bade et une foule de princes et de prélats.
Sur sa route, Frédéric prend la peine de se rendre à l’abbaye de Hohenburg, en haut du Mont Sainte Odile. Frédéric trouve alors le Mont proche de l’état où l’a laissé son père, Frédéric le Borgne, cinquante ans plus tôt. Le couvent est en ruines et en déshérence. Frédéric affirme sa volonté de relever le couvent, de lui restituer le prestige d’antan. On retrouve là la politique que Frédéric mène sur l’ensemble de l’Alsace. Le nouvel empereur veut s’appuyer sur les abbayes et sur les villes pour affermir son pouvoir. Ainsi, il cherche à garantir, par la paix retrouvée et une bonne gestion, les rentrées d’argent de ses domaines.
Sa première décision à Hohenburg est de nommer une nouvelle abbesse, Relinde qui serait sa parente. Relinde vient du cloître de Berg à Eichstädt, dans le Jura Souabe. C’est avec elle et par elle qu’il fera renaître de ses cendres l’abbaye détruite par son père. Relinde adopte la règle des augustines pour le couvent et cherche à reconstituer le patrimoine du couvent. Avec l’aide de l’évêque Burckhardt de Strasbourg, Relinde s’occupera de reconstruire aussi bien Hohenburg que Niedermunster.
Frédéric le Borgne avait détruit le couvent de Sainte Odile en attaquant le château des Eguisheim, son fils Barberousse cherchera à protéger le monastère de nouvelles luttes en interdisant les constructions militaires à proximité immédiate de Sainte Odile. Pour ce faire, il se basera sur la bulle du pape alsacien Léon IX, datant de 1050. Ainsi, le château de Stein (aujourd’hui appelé Dreistein), siège de l’avouerie des couvents, sera construit à cette période, hors des limites du Mur Païen.
Fortement dotés par Frédéric, retrouvant une bonne partie de leurs biens et de leurs revenus passés, protégés par l’empereur, les couvents d’Hohenburg et de Niedermunster vont renaître. Hohenburg va connaître un développement conséquent sous l’impulsion de Relinde et quelques années plus tard de celle que Relinde aura désignée pour lui succéder, Herrade de Landsberg.
Sur les traces de Frédéric Barberousse : la première illustration est un vitrail de l’église de Balbronn, représentant l’empereur. La statue de la Vierge est exposée dans le cloître du Mont-Sainte-Odile, on y voit, aux pieds de Marie, Relinde et Herrade, les deux abbesses qui ont relevé le couvent sous le règne du Hohenstaufen.
La carte représente l’Empire au temps des Staufen. Anvers, Besançon, Lyon, Marseille, Rome, Vienne, Prague étaient des villes de l’Empire.