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Autour du Mont-Sainte-Odile, le Mur Païen

Dans le donjon de Rathsamhausen

12 Juillet 2019 , Rédigé par PiP vélodidacte Publié dans #chateau

Les travaux sont lancés depuis plusieurs semaines sur le bergfried du Rathsamhausen. Notre donjon circulaire est aujourd’hui équipé d’un immense échafaudage et l’équipe de la société Chanzy-Pardoux travaille à 35 mètres au-dessus des fossés. La végétation a été éliminée. Il y avait plus de 6 mètres cube de terre végétale au sommet de la tour ! Les pierres branlantes ont été déposées. Les archéologues d’Archéologie-Alsace ont posé leur diagnostic. Nous avançons !
Dans cet article, nous nous intéresserons à l’accès au donjon.

 

Dans le donjon de Rathsamhausen

Rappel : Le chantier du donjon est interdit au public. Danger. Chute de pierres.

Comment les Rathsamhausen montaient-ils en haut du bergfried ?

Lorsque le donjon circulaire a été érigé, au début de l’Interrègne, vers 1250, il était isolé du château roman. La deuxième enceinte ne fut édifiée qu’un peu plus tard, vers 1300. Voici un plan qui présente la situation de l’époque. En rouge, le château initial (~1200), en bleu le bergfried.

 

Dans le donjon de Rathsamhausen

Le donjon étant une tour défensive, l’accès ne se faisait pas au niveau du sol. Pour trouver l’unique porte du bergfried, il faut lever les yeux ! Elle est située versant sud à une dizaine de mètres du sol. Voici un plan de coupe qui indique comment on accédait à la tour.

Dans le donjon de Rathsamhausen

A partir du château, il fallait monter sur le chemin de ronde du logis roman, et puis, par un escalier de bois, un rien vertigineux, on accédait directement à la porte, sans passer par une bretèche. Notez que l’accès au deuxième étage du donjon-palais n’était guère plus aisé !


Dans le donjon de Rathsamhausen

La porte est plutôt étroite : 67 centimètres. On ne se croisait pas sur le seuil ! Elle est élégante, le linteau est posé sur coussinets, comme aux donjons de Kintzheim et de Frankenbourg. Elle donne accès à un étroit couloir ménagé dans l’épaisseur du mur (3,10 mètres). Celui-ci débouchait sur le plancher du premier niveau de la tour : une pièce circulaire de trois mètres de diamètre environ.

 

Dans le donjon de Rathsamhausen
Dans le donjon de Rathsamhausen
Dans le donjon de Rathsamhausen
Dans le donjon de Rathsamhausen

En dessous se trouvaient les oubliettes du château, où selon Silbermann, on aurait retrouvé un squelette enchaîné ( cliquez sur le lien ). Au dessus, se trouvent un étage intermédiaire et le plateau sommital de la tour. Nous décrirons le sommet dans un prochain article. Les niveaux du donjon étaient des pièces où on stockait munitions et réserves. Ils n’étaient pas habités. Chaque niveau n’est éclairé que par une fente d’éclairage, fort étroite, qui apportait peu de lumière. Le passage entre les niveaux devait se faire par des échelles de bois. Pas de trace d’escalier, comme on peut en trouver dans le donjon du Dreistein Occidental (cliquez sur le lien).

Dans le donjon de Rathsamhausen
Dans le donjon de Rathsamhausen

La porte du bergfried était fermée par un vantail de bois qui pouvait se verrouiller fortement. Une trappe ménagée dans le mur permettait d’effacer la poutre qui faisait office de verrou.

Architecture de la porte

Curieusement, il semble que la porte du donjon ait été pensée indépendamment de celui-ci. Voici le relevé exact de la porte et du couloir effectué par Etienne et Sébastien, deux bénévoles de l’association.

 

Dans le donjon de Rathsamhausen

Les discontinuités dans les rangées d’assises sont nombreuses autour la porte. Celle-ci a été dessinée indépendamment du reste de la tour, les pierres en ont été taillées et puis, il a fallu encastrer cette porte sur la tour elle-même. Voyez sur le schéma suivant.

Dans le donjon de Rathsamhausen

Les assises du donjon sont représentées en noir, les pierres de la porte en bleu. Il a fallu tailler treize pierres de formes baroques et réaliser une sorte de puzzle pour poser la porte sur le donjon. L’architecte eût pu faire plus simple, non ?
Voici quelques éléments du puzzle.

 

Dans le donjon de Rathsamhausen
Dans le donjon de Rathsamhausen
Dans le donjon de Rathsamhausen
Dans le donjon de Rathsamhausen
Pendant ce temps-là au Lutzelbourg…

Pendant ce temps-là, les châtelains voisins construisaient eux aussi un donjon circulaire. Voyons la méthode qu’ils ont adoptée pour l’entrée au donjon.

 

Dans le donjon de Rathsamhausen

La porte est située environ à la même hauteur vis à vis du sol de la cour (~10m). Elle était précédée d’une bretèche, posée sur deux fortes consoles et deux corbeaux. La porte possède des dimensions comparables à celle du Rathsamhausen :  environ 60 cm de large pour une hauteur de 1, 75 mètre. Au lieu des coussinets, on a préféré l’arc en plein cintre.
Voici le schéma de la porte du Lutzelbourg :

 

Dans le donjon de Rathsamhausen

Les assises de la tour correspondent exactement aux dimensions des pierres de la porte : l’architecte du Lutzelbourg a grandement simplifié la tâche des tailleurs de pierres. L’ensemble est cohérent.
On remarque que de nombreuses pierres portent un trou de levage. Les bâtisseurs du Lutzelbourg devaient disposer d’un treuil et d’une pince pour soulever les blocs. Ceux du Rathsamhausen semblent avoir préféré l’utilisation d’une rampe. ( Voir à ce sujet le livre de C.L. Salch, La clef des Châteaux Forts d’Alsace, p.133-135 et p.342-343).
NB : au Lutzelbourg, seules les parties hautes du donjon et des murs boucliers portent des trous de levage. Pour les parties basses, ils utilisaient, comme leurs voisins, une rampe pour monter les pierres.


Les graffitis du couloir du bergfried

Portés en creux sur les parois du couloir, plusieurs graffitis ornent les murs. Nous avons relevé :

ICKW, HIN, IH.AKM…

Il s’agit sans doute des initiales de soldats ou de visiteurs de notre donjon. Tout proche de la porte, une inscription a attiré notre attention. Soignée, de facture ancienne, elle est datée !

 

Dans le donjon de Rathsamhausen

WCVR
1738

Il s’agit, vraisemblablement, des initiales de Wolf Christof de Rathsamhausen, Rappelez-vous l’inscription qui orne la porte cochère de la Maison Forestière du Rathsamhausen.

WOLF CHRISTOF VON RATHSAMHAUSEN
HOFF - 1733

Wolf Christof est le seigneur qui, au début du XVIIIème siècle, voulut quitter les châteaux devenus trop incommodes et leur préféra une maison plus confortable et moderne. Elle est devenue ensuite
 Maison Forestière. C’est lui aussi qui transforma le site en une ferme où il élevait des chevaux (cliquez sur le lien). Quelques années après son déménagement, Wolf Christof fit marquer la porte de son donjon par ses initiales.

Illustrations
  • Photographies, EtF
  • Relevé de la porte et du couloir, EtF et SeE
  • Schémas, PiP

Merci à Etienne et Sébastien !

 

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C
Intéressant, comme toujours...travaux plus que spectaculaires...bonne continuation et Bravo !
Répondre
P
merci, petite sœur !<br />
D
Un article toujours intéressant qui me donne l'envie de le revisiter. Le curieux étant en prime la curieuse énigme : cette molaire de cheval. Vu l'usure, je suppose que les vieux chevaux vivant à l'état sauvage, et ayant réussi à survivre à leurs prédateurs, devaient mourrir de faim comme les éléphants, faute de pouvoir broyer l'herbe broutée ? Quelqu'un a--t-il cette réponse ?
Répondre
P
Toutes les molaires de chevaux portent cette table d'usure. Rien ne dit que les chevaux étaient particulièrement vieux. <br /> Pour la fin de l'exploitation et le nombre de squelettes retrouvés deux explications ont été avancées :<br /> 1 épidémie et disparition du cheptel<br /> 2 abattage du troupeau par les Rathsamhausen lors de leur départ au début de la Révolution française. Ils ne voulaient pas laisser des bêtes utilisables par l'ennemi...<br /> A vous de vous faire une idée.<br /> PiP