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Autour du Mont-Sainte-Odile, le Mur Païen

La Chapelle Saint Nicolas d’Ottrott

30 Août 2013 , Rédigé par PiP, vélodidacte Publié dans #lieu

Au pied du Mont-Sainte-Odile, le village d’Ottrott est connu pour ses vins rouges délicats. Cette exception en Alsace mérite d’être soulignée, et les vins d’être goûtés et appréciés ! Les deux châteaux médiévaux qui dominent le bourg, le Lützelburg et le Rathsamhausen qui lui fait face, sont aussi connus des touristes. Mais aujourd’hui, nous vous parlerons de la petite chapelle Saint-Nicolas, située en bas du village.

Ottrott, il y a plus de mille ans !

Les termes ‘cum banno Ottenrode’ apparaissent pour la première fois dans le ‘testament’ de Sainte Odile. Odile est morte au début du huitième siècle. Son ‘testament’ est fort discuté, il ne s’agirait que d’ un faux élaboré pour régler les litiges entre les deux abbayes du Mont. Dans ce texte, Ottrott était attribué à l’ Abbaye de Niedermunster au détriment d’Hohenburg.
Cum banno Ottenrode’…. avec le ban d’Ottrott !
Le premier texte reconnu authentique mentionnant Ottrott est le diplôme obtenu, en 1059, par l’évêque Hetzelon de l’empereur Henri IV sur les droits de chasse dans la forêt qui domine Obernai. Cette chartre détermine les limites de la forêt épiscopale. On y mentionne Ottenrode.
Selon Joseph Gyss, ‘rode’ est un vieux mot tudesque, qui signifie une lande non cultivée, un terrain en friche. Ottenrode était alors un terrain en friche appartenant à un dénommé Otton. Dés cette époque, deux bourgades distinctes Ottrott-le-Haut et Ottrott-le-Bas se partagent le site.
En 1222, le droit de patronage d’ Ottrott-le-Haut est reconnu à l’abbaye de Niedermunster.
Ottrott-le-Bas semble alors être la possession de la famille de Rathsamhausen zum Stein. Ceux-ci sont déjà seigneurs du Château de Stein, avouerie des abbayes du Mont-Sainte-Odile.
Les deux bourgs d’Ottrott ne sont alors dominés que par un seul château fort, qui appartient à la famille de Lutzelbourg, commensaux des Hohenstaufen.

L’ histoire de la Chapelle Saint Nicolas

La chapelle d’Ottrott-le-Bas fut édifiée à la fin du XIIème siècle par les parents de Gertrud de Rathsamhausen. Gertrud, devenue veuve, se remarie avec Eberhard d’Andlau et décide avec l’accord de celui-ci et de son fils Hartmann de Rathsamhausen de remettre les droits patronaux de la chapelle à l’abbesse de Niedermunster. La cession est formalisée dans une chartre datée de 1227.
Ensuite, les textes ne parlent guère de l’humble chapelle. Pourtant, un contrat daté de 1451 stipule l’accord de l’abbesse Harlop de Müllenheim (Abbaye de Niedermunster) et de la Ville d’Obernai pour fixer le salaire du sacristain. Après la destruction de l’abbaye de Niedermunster, au XVIème siècle, la chapelle passe au chapitre de la cathédrale de Strasbourg.
En 1622, Saint-Nicolas est détruite par les Suédois lors de la guerre de Trente Ans, puis reconstruite en 1623.
En 1658, Ottrott-le-Bas et Ottrott-le-Haut sont unifiés en une seule paroisse. Saint-Nicolas devient alors la chapelle du cimetière. Les deux communes ne fusionneront que deux siècles plus tard.

La visite de la Chapelle Saint Nicolas d’Ottrott

Si l’édifice a connu de multiples remaniements, l’amateur retrouve ses racines romanes. Les bases de l’ensemble ont été conservées : socle en grès rose. Les deux portails sont d’une belle simplicité, massifs, sans sculpture, avec tympan monolithe. L’encadrement est souligné par un tore qui rappelle celui de l’entrée de la chapelle du Château du Haut-Barr. La façade sud est percée de trois baies romanes. L’abside est décorée de bandes lombardes. A l’intérieur, deux arcs romans ont été préservés ainsi qu’un petit lavabo liturgique.
La période gothique est présente par une voûte avec croisée d’ogives du chœur ainsi que la clé de voûte , une belle rosace à six feuilles.
Les fenêtres de la façade nord, la tour de bois, la tribune d’orgue et l’auvent extérieur sont plus récents.

Petit trésor de la chapelle Saint Nicolas, une belle statue polychrome représente une Vierge à l’Enfant. Richesse des couleurs, harmonie des visages. Selon les spécialistes, cette madone daterait du douzième ou du début du treizième siècle. (cf. article de Marcel Krieg)

Promenade

A partir d’ Obernai, le plus agréable est de prendre à pied le sentier de l’Ehn. La balade est ombragée, au bord de la petite rivière. On rejoint facilement Ottrott et la Chapelle Saint Nicolas.


Les cyclistes emprunteront la piste cyclable vers le parc de la Léonardsau, pour ensuite virer à droite à Saint Léonard.
En complément de visite, ne pas manquer le parc du Windeck avec ses multiples essences et la reconstitution des baies géminées du château de Guirbaden.

On pourra terminer l'après-midi par la visite de l'ancienne Manufacture Royale d'Armes Blanches de Klingenthal. Le musée est fort bien fait. Les collections sont intéressantes.

Sources
  • Joseph Gyss, Histoire de la Ville d’ Obernai, 1866
  • Marcel Krieg, la Chapelle Saint Nicolas d’ Ottrott, SHADBO 1967
  • Charles-Laurent Salch, le deux châteaux d’ Ottrott, CECF Strasbourg 1992
  • Suzanne Braun, Alsace Romane, 2010
Illustrations
  • Chapelle Saint Nicolas, portail ouest
  • Chapelle Saint Nicolas, arc roman du chœur
  • Chapelle Saint Nicolas, clé de voûte
  • Chapelle Saint Nicolas, lavabo liturgique
  • Chapelle Saint Nicolas, portail sud
  • Vierge à l’enfant, statue polychrome romane

 

Ottrott, la chapelle Saint Nicolas

Ottrott, la chapelle Saint Nicolas

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