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Autour du Mont-Sainte-Odile, le Mur Païen

Le Mur Païen

11 Décembre 2012 , Rédigé par PiP, vélodidacte Publié dans #lieu

Le Mur Païen est une enceinte de pierres séches qui enserre l’ensemble du plateau du Mont- Sainte-Odile. Les murs s’étendent sur 10.500 mètres de longueur. La surface ainsi délimitée est de 100 hectares environ. L’épaisseur du mur de grès varie entre 1 mètre 20 et 2 mètres. La hauteur primitive devait atteindre 5 mètres. L’enceinte suit la forme des rochers de grès affleurant au bord du plateau.

Cette œuvre colossale reste une énigme. On ne sait qui a pu construire cette enceinte gigantesque dans ce lieu ne comportant qu’une seule source, à faible débit.

Les fouilles n'ont jusqu'à ce jour pas donné de résultats probants. Oppidum de la Tène, refuge pour les populations de la plaine, place forte gauloise, fortification romaine, enceinte sacrée… Les hypothèses ne manquent pas. Les datations les plus diverses apparaissent dans la littérature abondante liée au Mur.

Lors de la période romaine, le sommet du Mont a été utilisé par l’armée qui y aménagea pour le moins des postes de guet. Une voie dite 'romaine' mène du village d'Ottrott au sommet du Mont. Elle était dénommée ‘Teufelpflaster’, le Pavé du Diable au Moyen Age. Plusieurs portes à couloir ont été édifiées aux endroits où les  voies d'accès traversent le Mur.

L’appellation « Mur Païen » se retrouve, pour la première fois, dans la bulle papale que Léon IX, le pape alsacien, décerne à l’abbaye de Hohenburg en 1050. L’ abbaye occupe la partie la plus dégagée de l’enceinte cyclopéenne.

Un sentier du Club Vosgien permet de suivre le Mur Païen sur toute sa longueur. ( départ : parking Sainte Odile, balisage : chevalet jaune). La section Nord permet de découvrir la partie la mieux préservée du mur, la porte Koberle, les ruines perdues du Hagelschloss et les superbes châteaux de Dreistein. La partie Sud offre des vues magnifiques sur la plaine : le Rocher du Maennelstein qui surplombe le château de Landsberg, le rocher du Panarama, la Wachtstein.

Les blocs de grès qui constituent le mur ont été taillés sur place, en haut du plateau. Tout au long du Mur Païen, on trouve des carrières à ciel ouvert. La roche était entaillée, puis on insérait des coins pour déliter la roche. L'eau nécessaire était collectée dans des cupules aménagées à proximité des carrières. Le transport des blocs détachés de la carrière était réduit au minimum et se faisait directement à dos d'homme.

Une fois mis en place, les blocs étaient reliés par des tenons de bois, glissés dans des entailles en queue d'aronde. Cette technique peu courante visait à renforcer la solidité du Mur. Cette façon de faire est étonnante et ne se retrouve, en Alsace, que dans l'enceinte protohistorique qui cerne le château de Frankenbourg, situé dans le val de Villé.

Le camp délimité par le Mur est divisé en trois parties, par deux murs transversaux, situés aux endroits où le plateau est le plus resserré.

A proximité des châteaux du Moyen Âge et du couvent de Sainte Odile, le Mur a été détruit. Les blocs ont servis pour la construction des forteresses médiévales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marchez ! le long de notre vieil ami !

 

Pour en savoir plus, n'hésitez pas, cliquez sur ces deux liens

- notre étude de l'histoire et des sites remarquables du Mur Païen

- notre carte interactive du Mur Païen

Le Mur Païen

Le Mur Païen

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B
Comme d'habitude ce petit mémo complète les données collectées sur le Mont Saint Odile et ici le Mur païen, si important, si célèbre (en Alsace) et si délaissé !<br /> J'ai bien connu M Fritz EYER professeur de brasserie à Metz, même si j'étais gamin ou juste un peu plus.<br /> J'ai donc participé parmi les premiers au constat du dégagement de la porte romaine (à couloir) nommée de son nom désormais et qui est placée sur l'un des murs de refend du mur puisque celui-ci est cloisonné pour sécurité aussi bien côté de la Bloss que du côté de l'Elsberg.<br /> Si c'est possible peut-on nommer son nom et son travail dans le petit mémo que tu viens de faire. (cf panneau de l'AMSO et la page de mon site sur cette porte https://mythologie.fr/Mur%20paien%20plan%20Porte%20Eyer.htm<br /> Côté de la Bloss, il serait bon de faire une balade ensemble car il y a forcément une porte également dans se refend près du carrefour du Stollhafen et dans mon site "https://mythologie.fr/Mur%20paien%20plan%20Grotte%20Etichon.htm ", or la seule chose que j'ai trouvée c'est une pierre de sol qui semble avoir des traces de roulement de chariot, ce qui pourrait désigner l'emplacement de cette porte intérieure.<br /> Merci encore pour ces documents précieux.<br /> <br /> Pour l'analyse du mur par Chatelet-Baudoux, il me semble, avoir fait part de nombreuses remarques sur ce rapport et si ce n'est le cas je te les enverrai. Les études purement "archéologiques" peuvent tirer des conclusions totalement contraires à d'autres analyses toutes aussi logiques. Comme par exemple, on ne construirait pas un mur au VII ° siècle avec une technique de très grosses pierres pour y ouvrir ensuite des portes à couloir d'architecture romaine avec des pierres taillées à la romaine en taille et en volume, et encore moins pour faire passer une voie romaine nettement plus ancienne. On ne peut pas avec un type d'analyse, franchir allégrement les autres logiques de la même construction. Avant d'affirmer, il faut comprendre l'origine de la différence et tant qu'on ne la comprendra pas, il ne faudra pas conclure "à la hâte".<br /> Et il y a bien d'autres logiques que l'étude Chatelet-Baudoux ne reprennent pas et d'autres conclusions de l'étude même qui serait à revoir comme par exemple les comptages par date des objets retrouvés dans les gravats et les strates et qui "montreraient" par les proportions retrouvées le niveau d'activité par date. Non la production de ces mêmes objets n'est pas la même selon les dates, voire les objets les plus anciens pouvaient ne pas être jetés mais réparés plusieurs fois ou retravaillés et de ce fait le pourcentage d'activité par date est faussé, car si on trouve peu d'anciens objets ce n'est que logique compte tenu du peu de production et de la réutilisation. <br /> Enfin les fouilles se sont faites au pied de la terrasse d'entrée, le pire endroit chamboulé par toutes les constructions. Le mur à cet endroit est déjà au sommet d'une falaise de 15 m (y avait-il même un mur avec une pareille défense naturelle ?) c'est en plein cœur de la forêt, qu'il faudrait chercher mieux et à proximité du mur.<br /> Au VII° siècle, pourquoi aurait-on taillé des pierres "cyclopéennes" avec des techniques d'éclatement des pierres, alors qu'on a connu la taille romaine plus facile à transporter, et qu'on dispose du fer pour scier les pierres. Curieuse logique !<br /> Bonnes Fêtes également à tous ceux qui travaillent à notre cher Mont Sainte Odile et heureusement qu'elle est là pour nous fédérer, sinon on serait bien triste.<br /> Bernard GILLET
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P
Bonjour Bernard,<br /> Merci pour ton avis éclairé. <br /> Bien entendu, la porte Eyer et la grotte d'Etichon seront étudiées dans nos prochains articles. Comme les autres sites et curiosités du Mur...<br /> Pour ce qui est du travail et de l'étude Chatelet -Bardoux, nous y viendrons aussi. Tu as du remarquer que pour ce qui est des études, nous travaillons dans l'ordre chronologique. Alors ce sera d'abord Zumstein, puis Fichtl.... Madame Chatelet et bien d'autres suivront.... Comme toi, je ne suis pas totalement convaincu par chacune des études que j'ai pu lire. J'essaie de dire leurs résultats le plus clairement possible.<br /> A chacun de se faire un avis. <br /> A ton prochain passage sur le Mont, nous pourrons discuter de nos points de vue respectifs.
G
Le balisage du mur Païen est un chevalet jaune (croix de st André) et non une croix jaune ! Merci de rectifier
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P
C'est corrigé, monsieur le Président !
R
Il y a eu du nouveau et du très lourd depuis 2016 avec la publication de l'étude de Madeleine Châtelet et Juliette Baudoux, qui ont effectué un examen systématique de l'ensemble du matériel archéologique découvert sur le massif depuis le XIXe s. et l'ont corrélé aux fameux tenons de bois récoltés sur plus de 2km entre le Hagelschloss et le Dreistein, tous datés en 2001 de la période 675-681 ap.J.-C., c'est-à-dire du début du règne du duc Adalric/Étichon. L'étude montre de manière éclatante que le Mur païen peut définitivement être daté de cette période. En clair, le Mur pourrait donc tout simplement être le fameux Hohenbourg cité dans les textes sur Odile, qui ne mentionnent nulle part de quelconque détail sur les dimensions du "château" du duc, se limitant à signaler qu'il a pris l'initiative de s'implanter sur la montagne et d'y construire son château. Dès lors, on peut dire que Adalric/Etichon EST le concepteur et bâtisseur de cette enceinte destinée à marquer ostensiblement sa puissance dans le paysage, à une époque où les fortifications de hauteur étaient pourtant abandonnées. Lien vers l'article librement accessible et vraiment édifiant (sans jeu de mots ^^) (une vingtaine de pages à lire attentivement !) --> https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01717131/document<br /> Une construction que le duc - ici c'est moi qui complète, l'étude n'en parle pas - n'aurait pas achevée, puisque la logique aurait voulu que le plateau de l'Elsberg soit lui aussi enceint, faisant partie intégrante du massif et constituant sa proue septentrionale, particulièrement visible depuis la plaine. Le plateau du Stollberg où s'arrête l'enceinte existante est légèrement en retrait et n'a pas ou peu d'intérêt ostentatoire depuis la plaine, et surtout de nombreuses traces de début de débitage sont toujours visibles au-delà de la porte de l'Elsberg, en direction du Hohenburgerberg et du Hexenplatz, témoignant bien du projet d'enceindre ce plateau de l'Elsberg, comme de l'arrêt brutal du chantier. Cet arrêt net peut très bien correspondre au moment où le duc cède Hohenbourg et l'ensemble de la montagne à sa fille Odile pour son projet monastique. Il peut aussi expliquer pourquoi les textes les plus anciens n'évoquent pas explicitement le gigantisme d'un ouvrage qui n'a pas été achevé et qui n'est donc pas entré en fonction, s'effaçant derrière l'émergence du monastère et relégué dans les oubliettes du "paganisme" au XIe s.
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P
Mon article est ancien, simpliste. J'ai connaissance des recherches de mesdames Chatelet et Baudoux. Il y aurait beaucoup à dire. J'y reviendrai sans doute sous peu.
B
Pourquoi ne pas recourir au Docteur Sarah Parcak ? Cette Am'ericaine éminente spécialiste d'archéologie par satellite compte déjà de très nombreux succès .<br /> Dites-moi ce que vous en pensez. Cordialement
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I
Bonjour,<br /> Je voudrais juste apporter une petite rectification amicale.<br /> En dehors du débat d'un mur préhistorique ou protohistorique, il y a peu de chance que la main d'oeuvre ait pu porter les pierres à dos d'homme. En effet, la masse volumique de celles-ci ne le permettait pas.<br /> Selon un rapide calcul, un bloc de 1m x 0.5 m x 0.5 m avoisinerait les 540 kg. Hors, ce mur mégalithique est loin d'avoir des pierres plus petites en moyenne...<br /> Certaines, dépassent facilement la tonne. C'est pour ça qu'on l'appelle aussi mur cyclopéen.<br /> A moins que ce soient des cyclopes qui l'ont construits... Mais ça, c'est une autre histoire pour laquelle je me permettrai de douter encore plus... ;-)<br /> Merci pour votre site
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J
Bonjour, je voudrais ajouter que les tenons en bois du mur ont été datés par dendrochronologie et carbone 14 en 2001. les dates tombées sont de la fin du VIIème et début du VIIIème siècle de notre ère. Il n'est cependant pas exclu qu'il s'agisse d'une réfection ou d'une modification d'un ensemble préexistant<br /> <br /> Bonne journée
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P
Oui, cette datation m'est connue.... Les tenons étudiés semblent bien dater de la période mérovingienne. Ce qui ne résout rien, comme vous le faites remarquer : ces quelques morceaux de bois peuvent être postérieurs à l'érection du mur, taillés à l'occasion de réparations. Le mystère du Mur reste entier !
P
Le responsable des sentiers du Mont Sainte Odile me fait remarquer que le sentier du mur païen n'est pas balisé par une croix jaune, mais par un chevalet jaune ! bigre ! <br /> sur les sentiers une croix, c'est ce symbole : +<br /> un chevalet , c'est celui-ci : x<br /> Merci, Gaby ! pertinente remarque ! Je ne souhaite pas que nos visiteurs s'égarent !
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P
Merci Bernard de ce commentaire empli de bon sens... Je ne peux que valider.
B
Voila, suite à notre sympathique rendez-vous, j'ai visité cette page que je n'avais pas encore vue. Oui, nous sommes d'accord sur l'étude "définitive" sur le mur païen de Madeleine Châtelet et Juliette Baudoux, étude bien faite quant à l'analyse de nombreux éléments, mais qui dans ses conclusions passent très vite d'une "moyenne" à un résultat. Reste le bon sens. Au VII° siècle on ne construisait pas des murs cyclopéens, On utilisait d'ailleurs plus de bois que de pierres, on n'était plus au temps de Rome. Or Rome taillait les pierres, afin de faciliter la construction et le transport des matériaux.<br /> Enfin Rome a ouvert une voie romaine, et au moins quatre portes - dite à couloir - (la 4ème sur le chemin des pélerins vers Ottrott est quasiment perdue). La porte Zumstein, la porte Eyer et celle vers l'Elsberg sont encore en bonne état. mais pourquoi ouvrir une porte en petit assemblage dans un mur cyclopéen, que l'on considère contemporain !<br /> La logique est plus forte que les études aussi bien faite soit-elle ! le mur d'appareillage en grosse (énorme) pierre est antérieur et s'apparente à une construction très ancienne comme on en trouve en Grèce (Tyrinthe ou Mycènes) mais évidemment plus récente que celles-ci, le temps du développement de civilisation vers l'ouest.<br /> Il est bon aussi de souligner la technique de coupes des moellons par rainurage puis insertion de bois (chêne) arrosés pour utiliser la poussée de dilatation du bois. Cette technique (encore grossière et destinée à des gros appareillages) était-elle vraiment encore utilisée au VII ° siècle.<br /> <br /> Mais tu peux mieux que moi compléter ma réponse.<br /> <br /> Quand au Docteur Sarah Parcak, j'ai vu son travail en Egypte et sa capacité à faire ressortir les choses au travers de sols divers. Ce serait une bonne chose. Mais comment l'intéresser.<br /> <br /> Amicalement.<br /> <br /> Bernard GILLET