La Salle de Justice, Obernai
En l’an 1600, à l’apogée de la prospérité de la Ville Impériale, la justice était rendue au cœur de l’Hôtel de Ville dans la Salle de Justice. Le décor somptueux a fort heureusement été préservé. Cette salle n’est ouverte au public que lors des Journées du Patrimoine. Pour les rares inconséquents qui auraient raté cette occasion, nous proposons une session de rattrapage.
A la veille de la Guerre de Trente Ans, Obernai connaît une période de prospérité exceptionnelle. Le commerce du vin est florissant et la Ville Impériale, protégée par ses deux lignes de remparts, s’embellit d’année en année.
- 1579 Inauguration du Puits aux Six Seaux
- 1597 Couronnement du Kapellturm
- 1604 Pose du balcon renaissance de l’Hôtel de Ville
La Salle de Justice, qui servait également aux réunions du Conseil de la Ville, fait alors l’objet de travaux d’envergure.
La Salle de Justice, Obernai
Balcon, fenêtres renaissance, plafond avec ses médaillons en stuc, portes sculptées aux serrures invraisemblables de complexité, colonnes torsadées, la salle est d’une beauté exceptionnelle. Chaque détail mérite d’être étudié, admiré. Pourtant ce sont les fresques qui attirent d’emblée le regard.
Dix panneaux retracent la vision de la Justice au début du XVIIème siècle en Alsace : les Dix Commandements, tels que décrits dans la Bible. Ainsi, juges, avocats et prévenus avaient sous les yeux les règles de la Justice d’alors, et surtout les peines et châtiments terribles qui allaient de pair.
Nous avons retenu quatre tableaux.
- La révolte d’Absalon contre David : ‘Honore tes père et mère’.
- Nathan reproche à David son adultère : ‘Tu ne commettras pas l’adultère’.
- Suzanne accusée par les Vieillards : ‘Tu ne porteras pas de faux témoignage’.
- Le meurtre d’Abner par Joab : ‘Tu ne tueras point’.
On imagine la terreur du prévenu devant de tels exemples tirés de la Bible.
Les comptes de la Ville d’Obernai nous apprennent que les tableaux ont été exécutés par Zebedée Miller et Johan Bartenschlager qui exerçaient alors leur art à Sélestat.
Les médaillons du plafond
Le plafond de la salle est également richement décoré. Les médaillons présentent les vertus cardinales et, au centre de la pièce, l’Aigle Impériale des Habsbourg, nos empereurs de l’époque.
Les médaillons de la Salle de Justice, Obernai
Autre élément marquant du décor, le poêle de faïence de Sarreguemines, plus tardif, puisqu’il est daté de 1878.
Le Kachelhofe de la Salle de Justice, Obernai
Deux tableaux complètent l’ensemble du décor. Le premier montre Moïse et les tables de la Loi, le second est une représentation du Jugement Dernier. Le Dieu des Chrétiens était un symbole de justice omniprésent à cette époque. Nous ne résistons pas à un parallèle avec les images des mêmes thèmes qu’Herrade de Landsberg proposait à ses moniales dans l’Hortus Deliciarum composé quatre siècle plus avant.
C’est dans ce décor que le Conseil de la Ville se tint qui décida, lors de la Guerre de Trente Ans, de remettre comme otages le Conseiller Michel Gysz et André Fastinger aux troupes de Mansfeld, en juillet 1622. C’est là encore, que fut décidée la reddition sans condition devant les Suédois en 1632. Impressionnant ! Cette salle chargée d’histoire est magnifique.
C’est aujourd’hui le bureau du maire d’Obernai. Rien que pour pouvoir y siéger, je me présenterais bien aux prochaines municipales, moi.
Votez PiP !
- Site Internet de l’A.C.P.O ( Association pour la Conservation du Patrimoine d’Obernai )
- Hortus Deliciarum, reconstitution du manuscrit du XIIème siècle de Herrade dite de Landsberg, A. Christen, Editions Coprur
- Histoire de la Ville d’Obernai, J. Gyss, 1866
- Photographies de la salle, PiP
- Miniatures de l’Hortus d’Herrade de Landsberg