Grande Baie du Dreistein
Ouverte dans le mur sud du château, la baie du Dreistein Occidental est la plus vaste en Alsace.
Sa réalisation est une véritable prouesse technique. La distance entre les deux murs est de 5 mètres 20.
L’arc surbaissé étonne par sa légèreté. De part et d’autre de la baie sont disposés deux coussièges et une petite niche est aménagée dans l’épaisseur du mur.
A droite de la baie, un petit évier avec évacuation extérieure complète le décor. Cette baie éclairait la pièce d’apparat du château.
La large ouverture que nous admirons aujourd’hui avait un aspect bien différent lorsque le Dreistein abritait les fêtes des Rathsamhausen. Quel était-il ? Pour le savoir, il faut retrouver les éléments du remplage qui complétait les fenêtres du château. Dans bien des cas, lors de la destruction du burg, les pierres roulent dans les fossés ou dans les ravins alentours. Dans les ronces qui ont envahi le versant sud du Stein, se trouve une pierre taillée dont voici une photographie.
Il s’agit d’un fenestron de la grande baie. Ses dimensions correspondent à celles de l’élément encore en place. La pierre est magnifique et permet d’avoir une idée de la fenêtre médiévale. Alors que les murs du château sont bâtis avec les pierres extraites sur place, en grès de type ‘poudingue de Sainte Odile’, les pierres sculptées, comme notre fenestron, ont été exécutées dans un grès beaucoup plus fin, d’où la finition parfaite.
Difficile, nous direz-vous, avec une seule pierre de reconstituer l’ensemble de la baie. C’est comme vouloir faire un puzzle à partir d’un seul élément. Nous vous proposons cependant une reconstitution basée sur tous les éléments disponibles et la comparaison avec les châteaux avoisinants. Six fenestrons identiques posés sur cinq meneaux travaillés de chanfreins pour correspondre au dessin de la pierre. Nous avons ajouté trois oculi lobés, très probables mais dont nous n’avons cependant pas trouvé la trace. Et voilà notre baie reconstituée !
Ajoutez à la pierre les huisseries, imaginez les petites vitres teintées de l’époque ! Les Rathsamhausen ne disposaient que de bien peu de lumière, malgré cette ouverture immense !
Dans les châteaux voisins du Birkenfels et du Kagenfels, les ouvertures sont de taille bien inférieures. Les remplages étaient de forme rectangulaires. Au Birkenfels, la baie supérieure a été remise en place. Le visiteur curieux pourra admirer au Wasenbourg, près de Niederbronn, une baie proche de celle du Dreistein. De dimensions plus modestes, plus fine, elle est munie de sept oculi circulaires.
La baie du Dreistein a fasciné tous les visiteurs. De nombreux artistes l’ont représentée. Nous vous proposons trois de ces images, témoignages du passé.
Dans son magnifique carnet de dessins, Louis nous propose quatre vues du Dreistein, voici celle qui représente le Stein Occidental.
Louis est assis à l’angle des murs Nord et Est. Son dessin nous montre le donjon, au sommet couvert d’une coupole, ainsi que la grande baie, ses coussièges et le petit évier. A droite, le mur est beaucoup plus haut qu’aujourd’hui.
Charles Félix devait tenir au même endroit que Louis. C’était quelques années plus tard, certains arbres ont disparu, les autres ont grandi. L’angle est légèrement différent. Nous distinguons la porte du burg et une petite fenêtre, aujourd’hui disparue, en haut et à droite du mur sud. Le sommet du donjon a déjà souffert des intempéries.
Huit ans avant Louis Laurent-Atthalin, le parti pris de Bichebois était bien différent, il voulait rendre dans son dessin l’ensemble du site. Pour ce faire, il a traversé le vallon et a posé son chevalet le long du Mur Païen entre la poterne Koberle et le Hagelschloss. Au premier plan, Bichebois a représenté le Mur, dans une conformité ne correspondant pas au lieu. Licence artistique, il a adapté.
Les murs du château étaient alors plus élevés que lors du passage de Louis et de Charles Félix. Le mur bouclier du château du milieu est imposant ! Dans le château occidental, un détail attire l’attention. Au dessus de la grande arche semble se dessiner l’amorce d’un deuxième arc. Déjà dans les deux dessins précédents, le mur vertical à droite au dessus de la baie intriguait. Il semble qu’une deuxième fenêtre de grande dimension éclairait l’étage supérieur du château. Les nombreux corbeaux du mur est confirment l’existence de cet étage et le dessin de Bichebois nous montre comment il était éclairé. Mais comment l’architecte a-t-il pu superposer ainsi deux si grandes ouvertures. ? Cet homme possédait son métier !
Nous avons failli perdre la grande baie du Dreistein, qui menaçait de s’effondrer. Une campagne de sauvegarde a été effectuée au printemps et au courant de l’été 2008, sous la direction des Monuments Historiques et avec le financement de l’Etat, la Région et du Département. Il y avait urgence et l’essentiel du site des Dreistein a été sauvegardé.
Dans le château occidental, ont été stabilisés
- l’ensemble de la grande baie
- la porte et le mur qui la domine
- les restes de la coupole du donjon
- la porte d’accès du donjon
- la partie haute du mur bouclier
Saluons ce travail !
Il reste cependant que les ruines des Dreistein n’ont pas été fouillées à ce jour. Les ruines et les fossés recèlent bien des pierres taillées et d’autres souvenirs du passé.
- A. Lerch, Dreistein, Châteaux du Mont-Saint-Odile, 2002
- D. Demenge, Louis Laurent-Atthalin au Pays de Sainte Odile, 2007
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