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Autour du Mont-Sainte-Odile, le Mur Païen

Les remparts de Boersch

15 Février 2013 , Rédigé par PiP,vélodidacte Publié dans #lieu

La petite ville fortifiée de Boersch est pillée et mise à sac par les troupes d’Henri de Saarwerden au printemps 1385. Voici l’histoire de ce conflit du Moyen Age.

Origine des Fortifications

L’évêque de Strasbourg, Berthold de Bucheck, connut un début de mandature difficile. Nommé par le Pape Jean XXII en 1328, Berthold a du mal à s’imposer au Chapitre de la Cathédrale qui avait son propre candidat. En vue d’asseoir son autorité, il entre dans Strasbourg à la tête de six cents chevaliers teutoniques, pourtant l’évêque sera enlevé par le parti adverse et maintenu en détention plusieurs semaines. Dans ces temps étant troublés, outre le Chapitre, les nobles d’Alsace sont opposés à sa nomination. L’évêque décide alors de fortifier ses villes, c’est à lui que nous devons les remparts de Boersch ainsi que ceux de Dambach. Dés 1341, on trouve un acte de Saint Léonard portant la mention « in oppido Berse », la ville était déjà cernée de murs.

Boersch était alors possession du Chapitre de Strasbourg, avait rang de ‘Ville’, elle possédait son sceau propre, avait le droit de détenir des armes et devint le siège du tribunal de bailliage de la seigneurie du Chapitre de la cathédrale.

Les murs d’enceinte étaient hauts de cinq mètres environ, et d’une épaisseur moyenne de deux mètres. Les remparts comportaient quatre portes munies de ponts-levis. Les fossés, en eau, étaient larges d’une dizaine de mètres.

Les Remparts
  • Obertor, la porte du haut est ornée d’une fresque représentant Saint Médard (1882 - F.X.Dietrich)
  • Niedertor, la porte du bas était munie d’une herse.
    A proximité on peut s'attarder près d'un beau lavoir, fleuri en été.
  • Aftertor, la porte de l’arrière donne sur le vignoble.
    Côté ville, un puits renaissance et l’accès au chemin de ronde.
  • Pfaffentor, la porte des prêtres.
    Cette quatrième porte-tour est démolie en 1758, elle menaçait de s"effondrer.

 

Pillage et incendie de la ville

En 1385, Boersch se trouve au centre d’un conflit d’intérêt opposant Hans d’Ochsenstein et Henri de Saarwerden.

Hans d’Ochsenstein est alors prieur de la cathédrale de Strasbourg, issu d’une famille importante d’Alsace, il a été candidat à l’évêché. C’est plus un homme de guerre qu’un prélat. (Hans mourra, armes à la main, en 1386 à la bataille de Sempach). En tant que prieur, Hans, fort impécunieux, emprunte auprès des Saarwerden, et met en gage la ville de Boersch dont il a la responsabilité. De plus, il ne rembourse pas ses dettes!

Henri de Saarwerden, héritier d’une famille d’Alsace Bossue, semble extrêmement riche. A la même époque, Henri à prêté aux Ribeaupierre et aux Wangen. Dans tous les cas, Henri négocie des cautions, aux Ribeaupierre il demande une part de Saint Ulrich, aux Wangen le château de Wangenburg. Homme de guerre, Henri de Saarwerden n’hésite pas à prendre les armes pour recouvrer ses créances auprès des mauvais payeurs.

Voici le texte de Specklin qui retrace ce jour de la Saint Mathieu 1385.

Alors, Hans d’Ochsenstein, prieur du Chapitre de la Cathédrale de Strasbourg avait donné en gage la ville de Boersch. De ce fait, il eut avec le Comte de Saarwerden quelques conflits et guerres. Le jour de la Saint Mathieu, le comte de Saarwerden et ses aides se mirent en route en secret et, sans prévenir, il attaqua la ville de Boersch. Il enleva la place, et pilla tout ce qu’il y avait à l’intérieur, puis il brûla la ville. Il saisit beaucoup de gens et les emmena, prisonniers, avec lui. Il fixa de son propre chef la rançon de chacun. Personne ne put l’en empêcher, car la fondation, l’évêque et la ville n’ étaient pas d’accord entre eux. Et l’évêque ne fit rien alors qu’il aurait pu changer les choses.

Specklin

Deux nobles ont une querelle d’argent, et les habitants de Boersch sont rançonnés, la ville incendiée ! L’évêque n’intervient pas et les remparts n’ont servi à rien.

Voilà qui donne à réfléchir !

Un conflit du même acabit advint en 1388 entre le nouvel évêque Guillaume de Diest et Rodolphe de Hohenstein. Le résultat fut le même, prise de la ville et saccage. Bis repetita...

Plusieurs propositions sur l’origine du nom ‘Boersch’

Si un lecteur peut nous éclairer sur ce sujet, merci !

  • Boersch pourrait provenir de ‘bers’ : treillis d'osier ou berceau, dans le latin vulgaire des soldats romains. Bersa était donc une localité entourée d'osiers.
     
  • Autre version, ‘bers’ serait un vocable illyrien désignant des eaux rapides et vives. Le rapport entre notre village du Piémont et l’Illyrie semble des plus ténus.
     
  • Troisième version, due à Specklin :Boersch devrait son nom à Berswinde, mère de Sainte Odile.

 

Qui dit vrai ?

Dernière explication : Les armes de la ville figurent deux poissons blancs sur fond azur. Il s’agit de perches, et en allemand, ‘perche’ se traduit par Barsch, et donne Bärsche au pluriel. Il ne s’agit là que d’une assimilation tardive, le nom de la localité est plus ancien que l’actuel blason.

Et puis, trouve-t-on réellement des perches dans les eaux vives de la Weidsach ?…

Visite de la ville

Boersch est une charmante localité. Un chemin balisé propose le tour des remparts. Outre les trois portes fortifiées, le visiteur s’attardera auprès du vieux puits renaissance et de l’hôtel de ville. Partout dans le village, de vieux lavoirs aux eaux claires, des portes cochères avec les emblèmes des corps de métier.

Les cyclistes emprunteront, dans la campagne, la belle piste à partir d’Obernai. Ils feront une pause au domaine de la Leornardsau pour contempler les jardins. Puis ils gagneront le domaine de l’ancienne collégiale de Saint Léonard.

Les cyclistes monteront à Molkirch au Koesterle.

Sources
  • Specklin, Les Collectanées, Notule1681, Die Stadt Boersch überfallen.
  • Gyss, Histoire de la Ville d’Obernai.

 

Illustrations

par ordre de parution

  • Armoiries de la ville de Boersch
  • Fenestron de la Porte du Bas
  • Plan des remparts
  • Armoiries des Ochsenstein
  • Armoiries des Saarwerden
  • Scène de pillage d’un village, manuscrit ancien
  • Niedertor, la Porte du Bas
  • Emblème d’un tailleur de pierre, Boersch
  • Pfaffentor, photo d’archives

 

 

 

 

Aftertor, à Boersch en 1872

Aftertor, à Boersch en 1872

Collectanées de Specklin - Notule 1298

Quand l’évêque Bechtold se fut désendetté, il commença à mener grand train, il se montra bienveillant envers la ville et le pays, homme agréable, il fit particulièrement le bien des pauvres gens. Il améliora grandement le domaine épiscopal et fortifia les villes, comme son prédécesseur Jean l’avait entrepris. Kaisersberg, Dambach, Boersch, comme on peut le voir encore gravé dans cette dernière :

‘Als man zahlt 1328 jahr
Zum bischof erwählet war,
Bechtold von Bucheck hoch geacht
Hat Börsch das dorf zur stadt gemacht.’

Alors qu’on était en l’an 1328
quand il fut nommé évêque
le très respecté Bechtold von Bucheck
A fait du village de Boersch une ville

Specklin - Collectanées -Notule 1298

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