Le premier château de Stein
Les châteaux de Dreistein apparaissent dans les textes en 1442 dans les lettres d’investiture de l’empereur Frédéric III à la famille de Rathsamhausen. Mais, le premier château de Stein existait bien avant. En effet, en 1178, la chartre d’ Herrade de Landsberg en faveur du prieuré de Saint Gorgon est cosignée par les seigneurs des environs. Parmi eux, on relève ‘Theodoricus de Rupe, et frater ejus Burcardus, castellani’.
Theodor et Burkhardt de Rupe sont donc châtelains. Leur nom latin Rupe est repris dans plusieurs chartes de l’époque, parfois on trouve Lapide. Quelques années plus tard, il prend sa forme allemande : zum Stein. (en latin, Rupe, Lapida : la roche, comme Stein en allemand). Theodor et son frère sont vraisemblablement les propriétaires du premier des châteaux de Stein à la fin du XIIème siècle.
Le château a été construit pour servir de siège à l’avouerie des couvents de Sainte Odile. L’avoué d’ un lieu en est le protecteur laïc. Les Hohenstaufen s’étaient arrogé ce titre dès leur arrivée en Alsace. Lorsque Frédéric Barberousse décide en 1153 de relever Hohenburg détruit par son père, le seul château sur le Mont-Sainte-Odile est celui de Lutzelbourg, au nord des couvents. L’abbesse Relinde et l’empereur ont trouvé cette forteresse trop lointaine, et ont voulu sécuriser Hohenburg par un burg plus proche. Le sommet du Mont était proscrit par les textes du pape Léon IX, le versant est a semblé trop abrupt et le choix s’est fait pour l’éperon gréseux situé à l’ouest d’Hohenburg. C’est ainsi qu’est apparu le premier burg qui ne donnait pas directement sur la plaine d’Alsace. Le site peut surprendre, isolé, comme perdu. Mais la végétation actuelle est trompeuse : du donjon du Stein, on voyait le couvent et un cavalier était à un quart d’heure du monastère, tout au plus.
Le château oriental a été édifié pendant l’Interrègne (~1260), c’était au départ une simple tour de siège pendant les combats entre les partisans de l’évêque et ceux de l’empereur. Après l’élection de Rodolphe de Habsbourg, une fois la paix revenue sur le Mont, le burg s’est étendu et a perduré. Le château occidental n’apparaît que plus tard (~1350), simple partage du site entre les héritiers d’une même famille, les Rathsamhausen.
On accède facilement au château à pied, à partir du parking du Mont Sainte Odile, en longeant le Mur Païen. (1/2 heure). Le marcheur aguerri préférera partir du lieu-dit ‘Saegmuehlmattl’, au dessus de Klingenthal. Monter par la forêt et s’arrêter un instant à la fontaine de la Badstub ( myrtilles garanties en saison ).
Les ruines sont abruptes et ne sont pas sécurisées, surveillez les enfants.
La visite des trois châteaux est des plus intéressantes. Les surprises ne manquent pas. Nous ne citons ici que les particularités à ne pas manquer.
Château oriental
- Porte romane
- Base du donjon circulaire
- Fenêtres à coussièges
- Consoles de la grande bretèche (face nord)
- Citerne à filtration
- Baie double à colonnette (***)
Château du milieu
- Porte romane
- Mur bouclier et son arc de décharge (***)
Château occidental
- Donjon et son escalier à vis (***)
- Grande baie (***), la plus vaste d'Alsace
Le site a été sauvé en 2008 par une campagne de travaux sous la direction des Monuments Historiques. A ce jour, le site n’a pas été fouillé. Dans les fossés, on distingue les éléments des remplages des fenêtres. Les logis des châteaux sont effondrés et doivent receler bien des trésors. L’avouerie d’Hohenburg a encore bien des secrets.
Lisez nos autres articles concernant les Châteaux de Dreistein. ( cliquez sur le lien !)
- Schoepflin, Alsatia Illustrata
- Joseph Gyss, Histoire de la Ville d’Obernai
- André Lerch, Dreistein, Châteaux de Sainte Odile
- Charles Laurent Salch, Nouveau Dictionnaire des Châteaux Forts d’Alsace
- R.Kill, Fouille d’une citerne au Dreistein Oriental
- Armoiries des Rathsamhausen
- Carte de situation (~1160) - PiP
- Coupe du site du Dreistein - PiP
- Cruche à eau trouvée au Dreistein par R.Kill
- Photographies. PiP - Nombre d’entre elles datent d’avant la campagne de consolidation de 2008, d’où la densité de la végétation.
Les Ruines des Dreistein, Mont Sainte Odile