Le chemin de fer Rosheim-Saint-Nabor
Dès le XVIIe siècle les carrières de porphyre de Saint Nabor sont exploitées pour la construction des routes et, à partir du XIXe siècle, des voies ferrées. La dureté des roches est une qualité reconnue. L’exploitation a cessé en 2002. À partir de 2009 débutent des travaux de sécurisation du site, consistant en la réalisation de gradins dans l’immense espace des carrières. Nous en sommes là.
Mais que dire de la voie ferrée des carrières ?
Au début du XXème siècle, l’exploitation connaît son summum d’activité. Plusieurs projets sont alors envisagés pour évacuer les roches vers la plaine. On envisage même un transport par bennes aériennes des carrières jusqu’à la gare de Goxwiller. Mais, moins coûteuse, ce sera une ligne de chemin de fer qui sera retenue. Douze kilomètres de long, écartement standard des rails, pour permettre la connexion au réseau principal. Les communes traversées se sont montrées actives lors de la prise de décision : elles financent une partie du projet pour être desservies par le rail.
- 20 août 1902 : inauguration de la ligne ‘marchandises’
- 1 octobre 1902 : premier transport de voyageurs entre Rosheim et Saint Nabor.
La société Verin et Waechter exploite les carrières. Son siège est à Berlin. La voie ferrée et son matériel roulant appartiennent à Verin et Waechter. Trois locomotives ‘Borsig de type T3’ assurent le trafic des voyageurs et du minerai. Un wagon postal complète le service sur la ligne.
- 1918 : Défaite allemande, la société d’exploitation des carrières est mise sous séquestre par la France.
Peu de temps après, les carrières sont confiées au Conseil Général du Bas Rhin. Le chemin de fer revient à la Compagnie des Tramways Strasbourgeois. Le transport de marchandises s’étend alors aux industries locales : les fours à chaux d’Ottrott, le Bois Ouvré et la minoterie Cordan à Boersch.
- 1938 : Entrée en service d’un autorail diesel qui remplace le train à vapeur pour le transport ‘voyageurs’. Matériel de la société Wanderzupen-Charlier.
- 1954 : Arrêt de la ligne ‘voyageurs’, déficitaire.
Le matériel roulant est vendu par les Domaines. Une locomotive et le fourgon postal sont vendus au prix de la ferraille à la société Baruch de Rosheim, qui les sauve ainsi du désastre.
Une association de passionnés souhaite voir revivre le petit train de Saint Nabor. Forts du soutien des communes et de la société des carrières, les bénévoles réussissent à relancer le trafic sous la forme d’un petit train folklorique. La vieille locomotive ‘Borsig’ se voit attelée à trois wagons, au petit fourgon postal et reprend son service au pied du Mont-Sainte-Odile. De 1969 à 1987, le train roule à nouveau. Selon l’article des D.N.A. daté de janvier 2010, trois à quatre mille voyageurs empruntent chaque année la petite ligne et découvrent les paysages du piémont des Vosges. Le petit train ne roule qu’une dizaine de jours par an, mais chacune de ses sorties ressemble à un véritable succès.
Parallèlement, l’avenir des carrières s’obscurcit, et en 1988, la société arrête sa participation, et l’exploitation du petit train doit cesser. La locomotive et le wagon postal sont remisés dans les ateliers de la gare d’Ottrott.
La locomotive ‘Borsig T3’ est classée Monument Historique et devient propriété du Département du Bas Rhin.
Quelques années plus tard, il en sera de même pour le wagon postal.
Les convois de minerai cesseront définitivement en 2002.
Nous avons remonté, en ce début d’année 2014, l’ancienne voie de Rosheim à Saint Nabor. Voici, en quelques photos, un diaporama qui vous montre l’état de la voie et les paysages traversés.
La promenade est belle, empreinte de nostalgie. Souvent, broussailles et arbustes ont envahi les voies. Les arbres longent les rails et forment une haie sauvage, peuplée d’oiseaux effrayés par notre passage incongru. Les paysages découverts sont différents, le calme est apaisant, les vues sur les villages et sur le Mont souvent inattendues. Quel devenir pour ce tracé du siècle passé ?
Aujourd’hui les carrières de Saint Nabor sont fermées. Les travaux en cours ne visent que la sécurisation du site. Des gradins sont créés pour atténuer la pente. Les matériaux extraits dans ce but sont évacués par camion. Le minerai n’empruntera plus jamais le rail.
Les images présentées plus haut montrent la dégradation de la voie tout au long du parcours. Par endroits, les rails ont été arrachés, les aiguillages ne sont plus fonctionnels, les ponts de franchissement de l’Ehn et de la Weidasch semblent branlants… La remise en état serait fort onéreuse. Par ailleurs, la voie ferrée traverse de nombreuses fois les routes, aussi bien dans les villages que dans la campagne. Les nouvelles règles de sécurité des passages à niveau seraient bien difficiles à mettre en œuvre.
Le matériel roulant d’époque est classé monument historique. Pourrait-il reprendre du service ? Avec quel niveau de fiabilité et de sécurité ? Que de questions ! Que de problèmes à régler !
Et puis, enfin, un train touristique trouverait-il un public suffisant pour envisager sa rentabilité ?
Les questions soulevées au paragraphe précédent ne sont pas nouvelles ! Partout où une ligne de chemin de fer ferme, les municipalités cherchent à utiliser au mieux ces emprises, au moindre coût et pour le plaisir de chacun. La solution la plus souvent retenue est la création d’une piste cyclable. L’ancien chemin de fer Molsheim- Saverne a été remplacé par une Voie Verte, fort agréable, où les cyclistes sont toujours plus nombreux. Une belle réussite dont le Département peut s’enorgueillir !
Une telle solution serait un plus certain au pied du Mont-Sainte-Odile. Combien de vélos chaque fin de semaine se lancent à l’assaut du Mont ? Cette nouvelle voie au départ de Rosheim ( sur la piste Molsheim - Obernai ) proposerait un accès champêtre de qualité avec de magnifiques paysages, avant l’ascension finale !
Pour les promenades en famille, ce nouveau parcours permettrait d’accéder aux patrimoines de Rosheim et de Boersch, aux parcs de la Leonardsau et du Windeck, à la Manufacture de Klingenthal… et de boucler sa balade par les pistes existantes au départ d’Obernai.
Merci à nos élus de se pencher sur cette proposition !
- F. Anderhalt, La voie Rosheim - Saint Nabor a 75 ans, SHABDO 1978
- La ligne Rosheim - Saint Nabor, article des D.N.A., janvier 2010
- La locomotive ‘Borsig T3’, photographie d’archives, 1971
- Diaporama des vestiges de la ligne, 2014, PiP
- Plan de situation, PiP
Quelques idées de balade en vélo autour du Mont Sainte Odile ( cliquez sur le lien )