Châteaux de grès, châteaux de granite
Les châteaux du Mont-Sainte-Odile sont de grès ou de granite. Deux matériaux bien différents! Le rendu des forteresses est certes changé suivant la pierre utilisée, formes, couleurs. On peut aussi supposer que le travail des carriers était tout autre. Dans les Vosges du Nord, le grès affleure partout, cette pierre facile à débiter fut naturellement utilisée par les bâtisseurs du moyen âge. Plus au sud, nous avons à faire avec le socle de granite, et nos anciens ont du s’adapter. Le Mont-Sainte-Odile se trouve à la limite des deux roches, d’où un paysage castral contrasté.
La carte présentée a été établie d’après les relevés de N. Théobald publiés en 1967 dans la revue de la Société d’Archéologie. La surface occupée par les grès est prépondérante. Monsieur Théobald distingue trois types de roches, qui correspondent à trois couches, érodées de façons différente, selon l’altitude.
Le poudingue de Sainte-Odile couvre le sommet du Mont. Il s’agit de ce grès grossier qui inclut des galets de petite taille : quartz (blanc), quartzites (roses), et schistes (noir). Le poudingue est plutôt dur pour un grés, ce qui explique qu’il ait résisté à l’érosion , malgré sa position sur les hauteurs. Nos lointains ancêtres avaient bien remarqué cette qualité, et c’est en longeant les affleurements du poudingue de Sainte-Odile qu’ils ont construit le Mur Païen.
Au moyen âge, lorsque les seigneurs ont voulu défendre les couvents de Sainte-Odile, les châteaux les plus proches ont été construits sur des éperons de poudingue. Les bâtisseurs ont utilisé la roche trouvée sur place : Dreistein, Rathsamhausen et Lutzelbourg à Ottrott, Birkenfels et Waldsperg (aujourd’hui Hagelschloss) sont des châteaux de grès.
Pour les parties sculptées des châteaux, colonnettes des cheminées, remplage des fenêtres, c’est un grès de grain plus fin qui a été adopté. Ce grès est plus facile à travailler et il ne présente pas d’inclusions.
Châteaux en grès du diaporama : Birkenfels, Dreistein, Guirbaden, Hagelschloss et Rathsamhausen
Lorsqu’on se dirige vers l’ouest ou vers le sud du Mont, les paysages changent rapidement et les premiers granites apparaissent. Les châteaux plus lointains des couvents sont donc en granite. Monsieur Théobald distingue quatre types de granite, que nous serions bien en peine de devoir identifier. Les forteresses prennent alors une teinte plus claire. Les châteaux semblent plus fiers, l’érosion n’ a eu que peu d’effets sur les vieux burgs.
A Andlau, au Spesbourg, les bâtisseurs sont allés chercher du grès pour les remplages des fenêtres. Au Bernstein, la totalité du burg est de granite.
Châteaux de granite du diaporama : Haut-Andlau, Bernstein, Kagenfels et Spesbourg
Le Landsberg occupe une place singulière au sud du Mont.
Le vieux burg a été construit à la frontière entre les deux roches : le granite d’Andlau, bleu violacé, et le grès vosgien inférieur. Les bâtisseurs ont utilisé au mieux cette position. Les assises et les pierres de blocage viennent du fossé creusé coté montagne : elles sont de granite. Le reste du château est construit en grès : poudingue pour le gros œuvre et grès plus fin pour les fenêtres et autres parements.
Nicolas Théobald, Les conditions géologiques de l’emplacement et de l’organisation du mur païen du Mont-Sainte-Odile, SHABDO 1967
- Photographie de nos châteaux, PiP, FrP, ElJ
- Schéma de la géologie du Mont, PiP, selon les relevés de N. Théobald
Vous pouvez retrouver tous les châteaux cités plus haut (et bien d’autres) dans les articles de notre site, sous la rubrique ‘château’.
Pour chacun, nous présentons une anecdote historique et une brève analyse du site.
Le site des Dreistein est notre préféré, nous lui avons consacré onze articles à ce jour.