Fortifications romaines en Alsace
Durant près de cinq siècles, les Romains ont occupé l’Alsace. Notre région était rattachée à la ‘Germanie Supérieure’ en limite de l’Empire Romain. Les relations avec les peuples germains n’étaient pas de tout repos. Nous dirons aujourd’hui quelques mots des fortifications édifiées par l’armée romaine pour garantir la frontière. Nous terminerons l'article par quelques considérations sur le Mur Païen du Mont Sainte-Odile.
Commençons pour une brève fresque des évènements sous César, Auguste et leurs premiers successeurs : la période d’expansion romaine.
Après avoir vaincu Arioviste à l’Ochsenfeld et Vercingétorix à Alésia, les légions de César occupent toute la Gaule, y compris l’Alsace. Dès son avènement au trône, Auguste s’emploie à concrétiser le rattachement de la Gaule à Rome en lançant le vaste programme des voies d’Agrippa : création d’un réseau de voies romaines qui relient les principales villes du pays. Sur la frontière orientale Auguste souhaite conforter la position romaine en annexant dans un premier temps les provinces situées sur la rive gauche du Rhin, jusqu’à son embouchure. Puis, des expéditions sont lancées pour atteindre au nord la Weser, et au sud le Danube. Auguste est secondé par son beau-fils Drusus.
Carte schématique des frontières germaniques à la fin du règne d’Auguste -PiP
Les premières fortifications romaines citées par les textes sont portées à son crédit : Castella Drusi, les forts de Drusus. Voici le texte de Florus, contemporain des faits, qui cherchait visiblement à être bien vu du fils de l’empereur.
‘Drusus borda de garnisons et de corps d’observation la Meuse, l’Elbe et la Weser; il éleva plus de cinquante forts sur la rive du Rhin. Il fit construire des ponts à Bonn et à Gelduba; et des flottes pour protéger ces ouvrages. Il ouvrit aux Romains la forêt d’Hercynie, jusqu’alors inconnue et inaccessible. Enfin, une paix si profonde régna dans la Germanie que tout y changea, les hommes, le pays, le ciel même, qui semblait plus doux et plus serein qu’auparavant.’
Florus, Abrégé de l’Histoire Romaine Livre IV
Avec les Castella Drusi, nous sommes loin des camps romains construits par la suite : ces fortins ne devaient être que des constructions de terre et de bois, entourées de palissades et de fossés. De dimensions réduites, ils avaient surtout pour but d’observer et de protéger le fleuve. Nous ne trouvons guère aujourd’hui de traces de ces premiers fortins. Pour illustrer ce qu’ils pouvaient être, nous vous proposons un panneau de la Colonne Trajane, située à Rome. On y voit les fortins construits par l’empereur Trajan quelques décennies plus tard : les techniques ne devaient guère avoir changé.
Colonne Trajane à Rome– les forts construits par Trajan sur les rives du Bas-Danube
Les visées sur la Weser s’arrêtent après l’écrasement des légions romaines de Varus dans la forêt de Teutobourg (an 9). L’ultime tentative de Germanicus (an 17) est un succès mais restera sans suite. Les successeurs d’Auguste, Tibère, Caligula et Claude, s’en tiendront à la rive gauche du Rhin, et Domitien achèvera la conquête et la pacification du sud de l’actuelle Allemagne (Bade-Wurtemberg et Bavière) appelé alors les ‘Champs Décumates’. C’est Domitien qui lancera la construction du ‘Limes Germanicus’, cette immense ligne de fortification qui concrétisera la frontière physique de l’Empire.
Par la suite, Trajan trace les premières voies romaines à l’Est du Rhin dans les régions conquises, il renforce le Limes en utilisant les premières constructions en pierre. Hadrien parachève l’ensemble en étendant le Limes jusqu’à l’actuelle Ratisbonne (Regensbourg).
Carte simplifiée du limes germanicus, PiP
La frontière est alors portée à plusieurs centaines de kilomètres de l’Alsace. Quatre légions, 50 000 hommes, occupent le Limes. Loin des conflits, l’Alsace romaine, protégée, va connaître une longue période de prospérité entre 150 et les invasions des Alamans.
Mais qu’en est-il des fortifications alsaciennes de l’époque ? Le meilleur exemple se trouve à Biesheim. Deux camps ont successivement occupé les lieux lors du premier siècle. Voici le plan de ces deux camps de Biesheim proposé par Michel Reddé.
Les camps romains de Biesheim au premier siècle, plan publié par Michel Reddé
Plus de trois hectares, plan carré, trois portes encore décelables, le camp était entouré d’un rempart de terre sur coffrage en bois : 4 mètres d’épaisseur pour une hauteur de 2 mètres 75 environ. Casernement, magasins, bâtiments ancrés sur les poteaux, les quelques six cents monnaies collectées, les tuiles et les nombreuses céramiques permettent de dater l’occupation de l’ensemble : 20 à 70 ans de notre ère. Nous sommes bien sur un des premiers camps romains d’importance édifiés en Alsace. Selon les spécialistes, le camp aurait été occupé par la XXIème légion dès le règne de Tibère.
Musée de Biesheim – Clefs et pointes de flèches - photographies EtF
Nos lecteurs les plus intéressés se reporteront avec bonheur au rapport de fouilles de Michel Reddé, clair et facile d’accès. Tous iront au musée de Biesheim, où le mobilier des fouilles est fort bien exposé. N'hésitez pas, allez-y !
Musée de Biesheim – Céramiques sigillées et broches - photographies EtF
Plus proche du Mont Sainte-Odile, le camp de Strasbourg ‘Agrengorate’ s’est développé. Un temps occupé par la légion II (9-49), il est devenu le siège de la VIIIème légion. Cette unité laisse de nombreuses traces de son activité : construction de l'aqueduc de Kuttosheim (20 kms), tuilerie, briqueterie. Les tuiles sont marquées LEG-VIII-AVG ou LEG-VIII-ANT pour Antoniniana ( sous Caracalla).
A l’ombre des remparts du camp, l’agglomération s’est agrandie. Selon Robert Forrer, on compterait plus de 10 000 habitants dés le règne de Tibère. Les fortifications de bois sont peu à peu remplacées par la pierre. Le port de Strasbourg aurait été créé sur l’Ill sous Trajan avec ses entrepôts, ses tuileries, ses magasins, ses tavernes.
Le Musée Archéologique de Strasbourg propose de nombreux souvenirs de cette période. Voici plusieurs stèles funéraires de légionnaires découvertes à Koenigshoffen.
Stèles de légionnaires romains – premier siècle – Koenigshoffen, photographies PiP
Stèle du légionnaire Caïus Largenius, début du siècle - stèle du légionnaire d'Urvinium, fin du siècle
Stèles romaines – premier siècle – Koenigshoffen, photographies PiP
Stèle du train des équipages - stèle du cavalier accompagné d'un fantassin
Pendant un siècle et demi, les ‘alsaciens’ vont connaître une longue période de tranquillité, toute relative. Protégés par le Limes Germanicus, les Médiomatrices, les Leuques et les Triboques vont se ‘romaniser’. La présence des légions romaines n’est pas seulement un gage de paix, mais aussi un moteur de l’économie locale. Auxiliaires de l’armée romaine, fournisseurs de denrées, artisans, paysans, marchands, les ‘gaulois’ côtoient les nouveaux maîtres, ils adoptent peu à peu leur style de vie, leurs habitudes. L’essor économique est patent, l’élévation du niveau de vie également.
L’agriculture se développe avec la mise en place du cadastre et la création de vastes propriétés : les ‘villa’, centres de grandes exploitations agricoles. Les vestiges des ‘villa’ sont encore nombreux chez nous. Vous pouvez en visiter plusieurs en Alsace-Moselle : Bliesbruck-Reinheim, Saint-Ulrich, Mackwiller... Voici une mosaïque retrouvée à Bergheim. D’une surface de 80 m², elle proviendrait des ateliers de Trêves (200-300). Les propriétaires terriens vivaient bien.
Mosaïque de Bergheim, Musée Unterlinden Colmar, dessin publié par Robert Forrer
La population agricole est florissante et ses outils nombreux : faucilles, faux enclumes, cloches à vache… Pour nourrir les légionnaires, l’élevage est nécessaire et prospère.
Stèle funéraire d’un couple de paysans, Oberhaslach, IIIème siècle,
Musée Archéologique de Strasbourg, photographie M. Bertola
L’artisanat prend également de l’importance. Les produits importés d’Italie sont peu à peu remplacés par des produits élaborés localement. Par exemple, tout proche du Mont, l’atelier de poterie de Heiligenberg dans la vallée de la Bruche. Le potier Janus y fabrique et signe ses poteries en terre sigillée : terre rouge, brillante avec un fin décor au poinçon.
Céramiques sigillées, Musée Archéologique de Strasbourg, photographie PiP
Détails du travail au poinçon de Janus à Heiligenberg, dessins de R. Forrer
D’autres ateliers de potiers ont été mis à jour récemment : Dambach-la-Ville Wilmstein, Koenigshoffen.
Voici quelques images d’objets qui illustrent la vie quotidienne des alsaciens gallo-romains à cette période.
Amphores à huile et à vin, Musée Archéologique de Strasbourg, Photographie PiP
Lampes à huile, Musée Archéologique de Strasbourg, Photographie PiP
Fibules, Musée Archéologique de Strasbourg, Photographie du catalogue du Musée
Verreries romaines, Musée Archéologique de Strasbourg, photographie PiP
Jeux, Musée Archéologique de Strasbourg, Photographie EtF
(Note : Nous traiterons des cultes romains dans un prochain article.)
Comme nous l’avons dit plus haut, la tranquillité en Alsace est certes présente mais toute relative. Si le Limes joue son rôle, si les Germains restent le plus souvent chez eux, s’ils effectuent du commerce avec l’Empire, il n’en reste pas moins que les incursions guerrières en territoire romain existent.
Tout d’abord, il ne s’agit que de raids sporadiques, les Germains passent le Limes, se livrent à la prise, l’incendie et au pillage d’une ville et repartent chez eux chargés d’un lourd butin. On reconstruit et la vie reprend.
A Rome, les empereurs ont des soucis plus importants que ces incursions sans suite à la frontière avec les Germains. Lutte pour le pouvoir, assassinats, rebellions diverses dans le vaste empire, alors certaines légions sont rappelées des frontières à Rome ou sur d’autres fronts. Les Germains, bien informés, tentent alors des expéditions plus puissantes, plus en profondeur. Lorsque Gallien dégarnit la frontière (~250), les Alamans pousseront loin en Gaule, ils iront même jusqu’en Espagne. Destruction, pillage et retour en Germanie.
Après le milieu du troisième siècle, les Alamans vont changer radicalement de politique : ils franchissent les Lime Germanicus avec femmes et enfants, il s’installent dans les Champs Decumates, l’actuel Bade-Wurtemberg. L’heure n’est plus aux raids sans lendemain mais à l’occupation des territoires. C’est plus sérieux.
La réaction de Rome sera l’envoi de Probus et la réinstallation de huit légions sur la frontière. Les Champs Decumates sont repris et le Limes renforcé. Ce succès ne sera que de courte durée : la volonté des Alamans est bel et bien d’envahir et d’occuper la Gaule.
Armes de jet romaines – Musée de Biesheim
Revenons à nos fortifications romaines. Pendant la période que nous venons de survoler, la politique de défense était simple : le Limes et les camps romains. Au grès des incursions et destructions des Alamans, on s’est contenté de reconstruire, de renforcer. La pierre est venue renforcer les constructions de bois sans pour autant éliminer celui-ci. A notre connaissance, peu de choses ont vraiment changé.
Avec la menace de plus en plus pressante, le système défensif va être revu et renforcé dans les années qui suivent.
Boucles de ceinturons romains – Photographie S. Fischer
L’empereur Constantin décide d’établir sa résidence à Trêves qui devient ainsi la capitale de l’Empire. Située sur la Moselle, cette ville déjà importante, va devenir une des plus belles villes de l’empire. Les vestiges sont encore bien visibles, ne manquez pas de les admirer si vous allez passer quelques jours dans la région.
Solidus de l’empereur Constantin.
Au verso, les Alamans sont personnifiés sous la forme d’une femme vaincue.
Avec la présence de l’empereur à si peu de distance de la frontière, la question des Alamans et des Francs va prendre une autre dimension. Les combats, victoires et défaites, vont se succéder. Les Romains vont défendre chèrement leur territoire assailli par les Francs au nord et les Alamans à l'est. Notre frise historique vous donne quelques dates et éléments.
Pendant cette période confuse, avances, replis, les fortifications romaines vont être reconstruites ou rénovées, renforcées. Nous allons consacrer quelques mots à trois d’entre elles : Argentorate (Strasbourg), Tres Tabernae (Saverne) et enfin Argentaria (Biesheim).
Argentorate (Strasbourg)
Le camp romain de Strasbourg a connu bien des vicissitudes. Pris, brûlé, détruit, reconstruit… les plus intéressés se reporteront à la frise historique. Voici le plan du camp de la VIIIème Légion proposé par le Musée Archéologique de Strasbourg.
Plan du camp romain de la VIIIème Légion à Strasbourg, Musée Archéologique de Strasbourg
Plan quadrangulaire, murs rectilignes, quelques quarante-cinq tours de renforcement, quatre portes monumentales, des thermes, une basilique, un prétoire. La surface enclose avoisine les 18 hectares. Il s’agit vraisemblablement du camp reconstruit par Julien, après sa victoire sur les Alamans de Chnodomar en 357 à Strasbourg. Julien est alors un général romain qui deviendra empereur quelques années plus tard.
Voici le relevé d’une des tours en demi-cercle proposé par Robert Forrer (1935).
Plan et élévation d’un tout du camp d’Argentorate, R. Forrer (1935)
Maquette du camp d'Argentorate, Musée Archéologique de Strasbourg, photographie EtF
Maquette du camp d'Argentorate, Musée Archéologique de Strasbourg
détail d'une porte, photographie EtF
Tres Tabernae (Saverne)
Solidus de l’empereur Julien.
Au verso, un soldat pose la main sur un prisonnier, il est accompagné d’un aigle.
Nous devons les vestiges des remparts de Saverne au même Julien. Après le renforcement du camp de Strasbourg, Julien a voulu sécuriser le passage du col de Saverne en fortifiant Tres Tabernae. La petite ville avait été fortifiée auparavant si j’en crois le texte d’Ammien Marcellin.
‘ Julien se détourna pour reconstruire les Trois Tavernes. C’est le surnom de la forteresse détruite, il n’y avait pas longtemps par une attaque acharnée de l’ennemi, et dont la restauration garantissait l’impossibilité pour les Germains de pénétrer selon leur habitude au cœur des Gaules. Le travail fut vite achevé.’
Ammien Marcellin, 16,11,11
Voici le plan des remparts.
Plan du camp romain Tres Tabernae, publié par Nicolas Meyer
Plan quadrangulaire, murs rectilignes, deux grandes portes avérées, dix sept tours avérées par les fouilles (39 au total selon R. Forrer). La surface intra muros est de 7,5 hectares.
Aujourd’hui, lorsque vous visitez Saverne, les remparts que vous voyez sont médiévaux. Cependant, regardez bien le pied des tours encore présentes : la base est faite de pierres plus conséquentes, la maçonnerie est différente. Les premiers lits des tours sont romains, ils datent de l’an 357 ou pas loin.
Base d’une tour des remparts de Saverne, photo Alexis
Argentaria (Biesheim)
Nous allons pour finir nous transporter un peu plus au sud et quelques années plus tard. L’empereur Valentinien Ier (~370) décide de la construction ou la rénovation de plusieurs camps au centre de l’Alsace. Sur la frontière entre les provinces romaines de Germania I et Maxima Sequanorum, trois camps sont construits ou renforcés : Horbourg, proche de l’actuelle Colmar, Breisach au pied du Kayserstuhl et, au centre, le camp d’Argentaria, actuellement Biesheim.
Schéma de situation des camps valentiniens, PiP
Les Alamans sont durablement installés dans les Champs Decumates, Le nord de l’Alsace est soumis à leurs incursions incessantes. Alors, sur le Rhin au niveau de Bâle et, plus au nord au niveau de Colmar, les fortifications sont renforcées. Le sort de Strasbourg et du nord de l’Alsace serait-il déjà scellé ? Je ne saurais dire, mais l’effort de Valentinien semble porté plus au sud.
Solidus de Valentinien,
au verso deux empereurs tiennent un globe terrestre entre leurs mains,
il s’agit de Valentinien et de Valens.
Intéressons nous au site de Biesheim, centre du dispositif alsacien. Les fouilles récentes ont mis à jour deux bâtiments importants : un camp romain et un prétoire, sorte de quartier général d’une légion romaine.
Voici le plan du prétoire et sa restitution proposée par S. Feldhusen
Plan du prétoire de Valentinien à Biesheim, Westergass, S. Feldhusen
Élévation du prétoire de Valentinien à Biesheim, Westergass, S. Feldhusen
Vingt-quatre mètres sur vingt-neuf, le préteur était bien logé. Le ‘praetorium’ était de qualité et de bonne facture.
Et voici le plan et l’élévation du camp de la légion.
Plan du camp romain de Valentinien à Biesheim, Feldkirch, S. Feldhusen
Élévation du camp romain de Valentinien à Biesheim, Feldkirch, S. Feldhusen
Superficie d’un hectare environ, forme rectangulaire, murs rectilignes, dix-sept tours, nous retrouvons la forme et la technique des camps du Bas-Empire.
C’est à Argentaria (Biesheim) que s’est jouée, en 378, la dernière grande bataille livrée par l’armée romaine contre les Alamans. La victoire de Gratien sera éclatante mais n’aura pas de portée durable. Appelé sur un autre front, Gratien part avec ses légions en Turquie où il meurt à Andrinople.
Quelques années plus tard, la mort du dernier empereur Théodose (395) consacre la partition de l’Empire Romain, les dernières troupes sont retirées sur Rhin. C’en est fini de l’Alsace Romaine.
Les Goths d’Alaric saccageront Rome en 410. Bientôt, Attila et les Huns brûleront Strasbourg (451)
- Ceci est fort intéressant, PiP ! et fort bien documenté et joliment illustré grâce à Étienne ! Mais pourquoi viens tu nous raconter la fin de l’Alsace Romaine ? Et quel rapport avec le Mont Sainte-Odile ?
- Je vais vous surprendre : je travaille toujours sur le Mur Païen. La découverte de Clément Feilu au Frankenbourg m’interpelle. Certes, la thèse mérovingienne n’est pas écartée, mais la thèse romaine est fortement relancée. Alors ?
Si réellement, le Mur Païen date de la période romaine du Bas-Empire, ce qui reste à confirmer, alors comparons avec les fortifications élevées par les Romains dans cette période. Et que constatons nous ?
- Argentorate (Strasbourg), plan quadrangulaire, 18 hectares, 45 tours
- Tres Tabernae (Saverne), plan quadrangulaire, 7,5 hectares, 39 tours
- Horbourg-Wihr (Colmar), plan quadrangulaire, 2,8 hectares, 20 tours
- Argentaria (Biesheim), plan quadrangulaire, un hectare, 14 tours
Les forteresses du Bas-Empire semblent toutes construites avec une même idée directrice, une même méthode, une même technique, une même qualité de finition.
Notre Mur Païen ne correspond en rien à ces fortifications romaines, militaires, planifiées et ordonnées. Ni son tracé étonnant qui épouse les méandres des à-pics du Mont, ni sa technique particulière de tenons et mortaises, ni l’énorme superficie enclose (environ 100 hectares). Pas un bas-relief sculpté, peu de céramiques, peu de monnaies....
Rien ne correspond ! Pas la trace d’un baraquement ou d’un praetorium sur le Mont, rien.
Alors, si notre Mur Païen a bien été construit à la fin de l’Alsace Romaine, nous pouvons pour le moins affirmer qu’il ne l’a pas été par l’armée romaine.
Mais alors, qui a construit le Mur Païen ?
(à suivre)
-
Florus, Abrégé de l’Histoire Romaine Livre IV, ~100
-
Ammien Marcellin, Res Gestae, années 353 à 378
-
R. Forrer, L’Alsace Romaine, 1935
-
J.J. Hatt, Histoire de la Gaule Romaine, 1966
-
B. Schnitzler, Dix ans de fouilles archéologiques en Alsace, Musées de Strasbourg, 2009
-
M. Reddé, Oedenburg. une agglomération d'époque romaine sur le Rhin, 2018
-
Am anderen Flussufer - Sur l’autre rive, 2019
Recueil d’articles dédiés aux découvertes romaines dans la région de Breisach et Biesheim, et dans toute l’Alsace.
Ce livre regorge de détails sur les sujets traités dans notre article. Nous conseillons plus particulièrement :
- N. Meyer, Saverne au IVème siècle
- P. Biellmann et G. Marty, la bataille d’Argentaria
- G. Seitz, Spätantike Grossbauten in Biesheim-Oedenburg
- G. Kuhnle, Argentorate / Strassburg
- M. Fuchs et F. Schneikert, Le castellum de Horbourg-Wihr
- P. Biellmann et J.P. Strauel, Le site de Grussenheim