annexe 1 : L'empereur Julien et l'Alsace
Julien est un descendant de Constantin. Cette branche de la famille impériale a été écartée par l'empereur Constance. Julien grandit loin du pouvoir à Nicomédie et à Constantinople. Nous allons étudier les raisons de son rappel en Gaule et son action face aux Germains de 355 à 363.
Julien, Musée de Cluny à Paris
En 350, après l'assassinat de l'empereur Constant par Magnence, la situation de l'empire est complexe. Constance, le nouvel empereur, veut se débarrasser de l'usurpateur Magnence. Magnence réside alors à Sirmium (Serbie). Constance quitte la Gaule avec une armée importante. La rencontre a lieu à Mursa (Croatie).
Elle voit la victoire de Constance en 351. La bataille est réputée une des plus sanglants de l'époque. Les deux armées romaines ne se font pas de quartier, les deux tiers des combattants auraient péri.
Conséquence de Mursa, les frontières du Rhin sont fortement dégarnies. Les Alamans en profitent et franchissent le Rhin. Contrairement aux incursions précédentes qui restaient sans suite, ils s'installent entre Rhin et Moselle. La situation est alarmante et les armées romaines affaiblies tardent à redresser la situation sous la conduite du général Silvanus.
En 355, la situation s'est améliorée, mais Silvanus se fait proclamer empereur par ses troupes. Reaction de Constance : assassinat de Silvanus. Qui nommer alors en Gaule? Constance se décide à faire appel à son jeune cousin Julien, qui reçoit le titre de César, un co-empereur, le second personnage de l'Empire.
Les actions connues de Julien sont détaillées dans le tableau qui suit. L'essentiel des informations vient des textes d'Ammien Marcellin, historien contemporain des faits.
Frise historique suivant Ammien Marcellin, PiP
Victoire sur les Francs à Cologne, victoire sur les Alamans à Strasbourg, malgré ses effectifs réduits, Julien se révèle un excellent chef de guerre. C'est aussi un excellent organisateur : il relève les places fortes du Rhin, Saverne, Strasbourg, Mayence et celles du Rhin Inférieur. Il libère les romains prisonniers des Alamans.
De son coté, Constance se bat contre les Quates sur le Danube et engage la lutte contre les Perses. Il échoue à Amida (Turquie) où il perd six légions. Jaloux des succès de Julien, manquant d'effectifs, Constance exige de Julien l'envoi de ses meilleures légions. Refus de Julien. L'affrontement entre les deux hommes ne peut plus être évité. Julien quitte la Gaule pour Sirmium pour renverser Constance. Il emmène 23.000 hommes. Nous sommes en 361, il ne reviendra plus, pour combattre en Orient.
Suite au désastre de Mursa, Julien a su redresser une situation fort difficile. Il a vaincu Francs et Alamans sur la frontière, puis mené des campagnes victorieuses outre-Rhin. Il a renforcé la défense des frontières : forts et effectifs. L'essentiel de ses efforts s'est porté au nord de Strasbourg (partie nord de Germania I et Germania II)
Les Alamans ont tenté de s'installer entre Rhin et Moselle (352). Certains chefs ont conclu un traité avec Julien (359), il a été ensuite dénoncé par Vadomaire (361). Mais Julien a rétabli le calme.
Au départ de Julien, si la situation semble saine et stable, le retrait de 23.000 hommes fragilise cependant la frontière .
Monnaie de l'empereur Julien
Au verso, Julien, en soldat romain, accompagné d'un aigle, écrase sous son poing un Alaman agenouillé.
- Chroniques d'Ammien Marcellin
- J.J. Hatt, Histoire de la Gaule Romaine,1966
- E. Wirbelauer, Ammian und der Oberrhein, 2019
- C. Sotinel, Rome, la fin d'un empire, 2024