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Autour du Mont-Sainte-Odile, le Mur Païen

Obernai, au temps de l’architecture romane

7 Juin 2013 , Rédigé par PiP, vélodidacte Publié dans #lieu

A la première visite, toute la ville d’Obernai semble sortir lors de la Renaissance : l'hôtel de ville, le puits aux six seaux, les demeures et oriels. Pourtant Obernai existait bien avant le seizième siècle. L’amateur d’architecture romane trouvera dans l’ancienne Ville Impériale quelques pépites. Nous lui proposons quelques pistes.

Les souvenirs de la Kappelkirche

Les premiers pas dans la vieille ville mènent toujours sur la Place du Marché, dominée par le beffroi. Aujourd’hui, le sommet du Kappelturm présente une belle balustrade ajourée, de fines échauguettes et un toit pointu couvert d’ardoise. Ce dernier étage, magnifique, date de la Renaissance. Au moyen âge, la tour était moins élevée et servait de clocher à la chapelle de la ville dédiée à la Vierge. Dès 1285, on retrouve dans les textes la trace du premier sanctuaire. On est à la fin de la période romane.
‘Le sieur Albrecht Kagen ou ses descendants devront chaque année donner une livre de cire lors de la fête de la Vierge à la chapelle qui vient d’être construite à Oberehnheim’.

Ein Pfund Wachses das soll Albrecht Kagen oder sine nachkommen järlich geben zu unserer Frowen Fest an dir Kapelle die nuwelingen zu Ehenheim ist gemaht.
‘Chartre de l’Empereur Rodolphe de Habsbourg à la famille Kagen pour l’investiture du château de Kagenfels.’

Citée par J. Gyss

L’ église fut agrandie, adaptée au gothique, elle prit le nom de Kappelkirche en 1474. Finalement, elle fut détruite par décision municipale en 1783. C’était un édifice de grande ampleur, ainsi que le démontrent les marques du faîtage sur la façade ouest du Kappelturm.

De la Kappellkirche, il nous reste quelques éléments dans le petit bâtiment au pied du beffroi. A l’extérieur, plusieurs gargouilles ont été réutilisées dans la partie basse. A l’intérieur, le chœur de l’ ancienne église présente deux superbes clefs de voûte.

Eglise Saints-Pierre-et-Paul

Hors des murs de la Ville, rattachée au couvent de Hohenburg, se dressait dès la fin du XIème siècle, l’église Saint-Pierre Saint-Paul. Obernai était alors dotée d’une belle église romane comme ses voisines Rosheim et Andlau. Dés le quinzième siècle, l’église est remplacée par une église gothique. Celle-ci sera remaniée et agrandie, avant d’être détruite sur décision municipale et remplacée en 1867 par le bâtiment actuel.
On ne peut que s'étonner et déplorer cet engouement des édiles de l’époque pour la ‘modernité’. Les magistrats de la fin du XIXème ont fait détruire deux églises, démolir les portes fortifiées des remparts, abattre des arcades gothiques de l’Hôtel de Ville, et couvrir l’Ehn qui traversait la ville ! En quelques années, Obernai a perdu beaucoup des témoins de son passé et un peu de son charme.
Néanmoins, sauvées par d’heureux amateurs éclairés, quelques pierres sculptées du sanctuaire roman sont parvenues jusqu’à nous.

Derrière l’église, incorporées dans le mur du cimetière, plusieurs sculptures méritent votre attention. Trois pierres proviennent vraisemblablement du tympan de l’église. Le christ bénissant devait trôner au sommet. La deuxième sculpture représente un animal ailé. La dernière pierre ressemble à une fable : un ours et une cigogne semblent se disputer des grappes de vigne. Le travail du sculpteur est d’une grande finesse, et l’amateur reconnaîtra le style de l’atelier d’Andlau. Obernai possédait peut-être des fresques aussi attachantes que celle de l’abbaye voisine ! ( à ne rater sous aucun prétexte : la frise de l’abbaye d’Andlau ).

Devant l’église, d’autres vestiges sont présentés dans le petit square au pied de la tour médiévale : bases de colonnes, bénitier ouvragé, pierres sculptées.

Maison Romane

La maison la plus ancienne d’Obernai est située rue des pèlerins. C’était la demeure de la famille de Rathsamhausen, ministériels d’Empire dès le temps des Hohenstaufen. Sur le Mont-Sainte-Odile, les Rathsamhausen zum Stein étaient d’abord les seigneurs des forteresses de Dreistein et, par la suite, de nombreux autres châteaux. Leur maison seigneuriale à Obernai servait de cour dîmière : les greniers et les combles étaient prévus comme dépôt de grains et cellier. En effet, les Rathsamhausen percevaient la dîme, et ils préféraient savoir leurs revenus, bien à l’abri, derrière les remparts de la Ville Impériale. La maison date de 1220, et fut maintes fois remaniée. Le pignon porte la date de 1513, une porte sculptée celle de 1524. Dans les textes anciens, c’était la Ratzenhusenhof.

Ces deux photos ont été prises respectivement en 1918 et 2013.

A la Renaissance, la propriété passe aux Morimont, puis à la famille de Gail qui y fait graver son blason..

Le pignon donne aujourd’hui sur une cour, c’est inhabituel. A l’origine, il devait dominer une rue aujourd’hui disparue. Les façades proposent de belles fenêtres romanes à colonnettes ouvragées. L’esthétique de l’ensemble est exceptionnelle.

Quelques kilomètres en vélo sur piste cyclable, et vous voilà à Rosheim, où vous pouvez visiter la plus vieille maison romane d'Alsace, qui date de Frédéric le Borgne !

Autres maisons romanes

La Ratzenhusenhof n’est pas la seule maison du moyen âge à Obernai. Il suffit de se promener dans la vieille ville, de lever la tête, d’être un rien attentif. Nous vous proposons quelques découvertes faites au hasard de nos pas.

De gauche à droite : sur les remparts – rue de Sélestat – place des Fines Herbes.

Eglise Saint Jean Baptiste d’Oberlinden

Au début du treizième siècle, Obernai était enserrée dans ses murs. Autour d’elle, peu éloignés, plusieurs hameaux. Au nord, c’était Ingmarsheim, au sud, Finhey. Il ne reste rien de ces deux villages aujourd’hui disparus. A l’ouest, en direction d’Ottrott, se dressait la bourgade d’Oberlinden. Le lieu devait être orné de tilleuls, il possédait un moulin sur l’Ehn.
Le village possédait son église propre, on la retrouve dans les textes dés 1371. Très tôt, les habitants d’Obernai l’appelle Oberkirch, l’église du haut. C’est elle qui donnera son nom aux nobles du château voisin.
Lors de l’arrivée de la Réforme en Alsace, Obernai est restée catholique, et l’église du hameau, située hors des murs, est devenu le lieu de culte des protestants. C’est à Oberlinden que le petit Augustin Güntzer, potier d’étain obernois, venait à l’office. ( voir article correspondant).
L’église sera détruite pendant la Révolution et ne sera plus relevée.

Les ruines sont le but d’une belle promenade les soirs d’été. Longez l’Ehn, puis traversez le parc du château des Oberkirch. La chapelle est magnifique éclairée dans le soleil couchant. Le retour peut se faire par le quartier des capucins, dans un décor et un calme apaisants.

La porte latérale sud est datée du XIème siècle. Le clocher du XIIème. Belle baie à colonnette.

Terminons notre visite romane d’ Obernai par un croquis des ruines d’ Oberkirch

Il fut effectué par Hansi en 1934.

 

Dessin de Hansi, 1934, les ruines de l'église Saint Jean Baptiste

Dessin de Hansi, 1934, les ruines de l'église Saint Jean Baptiste

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