Wachtstein et Schaffstein, tours de guet du Mur Païen
Tout au long du Mur Païen, sur la section qui domine l’Alsace, les belvédères ne manquent pas. Aujourd’hui points de vue privilégiés pour admirer la plaine du Rhin et la Forêt Noire, ils furent autrefois des observatoires bien utiles aux défenseurs de l’enceinte du Mont Sainte-Odile. Nous nous intéressons aujourd’hui aux deux rochers situés au sud de la Bloss : Wachtstein et Schaffstein.
Vous parcourez le sentier du Club Vosgien qui court du couvent vers la Bloss. Le Mur Païen est partout situé à l’aplomb des énormes rochers de poudingue, ce grès à grosses incrustations caractéristique du massif du Mont Sainte-Odile. Seul le Wachtstein est situé clairement à l’extérieur de l’enceinte. Nul doute cependant que le rocher faisait partie du système de défense : il lui est relié par un mur transversal d’une longueur de 45 mètres environ.
Vu de ce côté nord, le rocher est déjà imposant, mais si vous l’atteignez à partir de la plaine, il devient vraiment impressionnant.
Wachtstein
De tout temps, le Wachtstein a étonné les illustrateurs. La première ‘carte’ du Mont, dessinée par Johan Peter Müller en 1603 mentionne déjà le rocher. Johan y représente un anneau de fer, semblable à celui que nous voyons aujourd‘hui sur le rocher du Maennelstein.
Carte de Johan Peter Müller (cliquez sur le lien)
Wachtstein signifie ‘pierre du guet’, appellation qui nous semble bien naturelle et aujourd’hui acceptée par tous. Dans les documents de Schweighaueser, qui a beaucoup étudié le Mur (1825), Jean Geoffroy lui donne parfois son ancien nom : Wachtelstein, ‘la pierre aux cailles’. Romantique et sylvestre à souhait !
Distant de quelques 60 mètres à vol d’oiseau plus au nord, le Schaffstein est, lui, partie intégrante du Mur Païen. A partir du sentier du Club Vosgien, on découvre un vaste plateau de grès cerné par des grands arbres. La vue sur la plaine est malheureusement bouchée et ne donne pas une idée exacte de ce belvédère qui domine Barr. Pour avoir une idée de la force de ce lieu, il faut se laisser glisser au pied du belvédère. (Merci de bien surveiller les enfants!)
La vue est saisissante, le plateau sommital se développe largement au dessus du vide formant un immense abri sous la roche. Bigre !
Schaffstein
Schaffstein signifie ‘pierre du mouton’. Robert Forrer et Schweighaueser optaient pour une orthographe différente : Schaftstein. Il s’agirait alors de la ‘pierre du manche’. Comme un manche de hache par exemple.
A proximité des deux ‘tours de guet’ du mur, vous pouvez trouver plusieurs carrières d’extraction de blocs de grès, telles que les a décrites Robert Forrer (1898). La plus importante est la carrière C26. Sur les deux vues proposées, vous distinguez les larges entailles creusées sur le dessus de la pierre et les encoches situées sur les cotés, où les carriers inséraient des coins de fer pour séparer les blocs. Pourquoi les carriers se sont-ils arrêtés alors que les blocs étaient presque à disposition ?
Carrière C26
Pour le Schaffstein, nous vous proposons une photographie qui montre à quel point ce rocher était aérien encore au début du XXème siècle, avant d’être noyé dans la forêt.
Pour le Wachstein, les images sont fort nombreuses. En voici deux choisies par nos soins.
Wachtstein
Voici maintenant, un dessin d’Alfred Touchemolin qui était comme Robert Forrer (1898) persuadé que le Mur était une construction gauloise. Alfred a placé un fier guetteur gaulois sur notre rocher.
Tanconville tenait, comme Félix Voulot (1874), le Mur comme une construction beaucoup plus ancienne. Il représente le Wachtstein avec un abri sous roche habité. Bel effort d’imagination. En fait, l’abri au pied de la roche est de dimensions réduites et ne saurait abriter une famille.
Terminons par deux croquis de notre ami Alfred. On y reconnaît le Wachstein vue de son voisin mais aussi du Chemin des Bornes. La vue était alors bien dégagée ! Voyez l’allure imposante qu’avait ce rocher lorsque la forêt n’avait pas encore envahi les lieux.
Une coupe, mesurée, des arbres aux alentours permettrait de mettre en valeur ces deux belvédères et leurs liens. La valeur militaire de l’enceinte du Mur Païen en sortirait confortée de façon didactique. Messieurs les Forestiers, Messieurs les Décideurs, s’il vous plaît...
Terminons en beauté, Étienne vous offre un survol en 3D du Mur Païen du Mont Sainte-Odile. En voici une image du travail d’Étienne illustrant cet article.
Pour accéder en temps réel et en 3D à la carte d’Étienne et planer avec lui, cliquez sur le lien !
La CARTE INTERACTIVE du MUR PAÏEN du Mont Sainte-Odile.
- Les images anciennes sont tirées de la base Numistral de la Bibliothèque Nationale Universitaire et du livre passionnant ‘Album du Mont Sainte-Odile’ de messieurs Le Minor et Troestler. (ID L’édition, 2016)
- Photographies, Etienne