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Autour du Mont-Sainte-Odile, le Mur Païen

Vieilles images d’Obernai

19 Octobre 2024 , Rédigé par PiP vélodidacte Publié dans #lieu

Les dessins et gravures qui illustrent l’ancienne ville impériale d’Obernai sont nombreux. Nous allons vous présenter aujourd’hui les quelques images qui ont attiré notre attention. Commençons par des deux gravures publiées au XVIIIème siècle par Dionysius Albrecht.

Dionysius Albrecht – History von Hohenburg – 1751

Dionysius était un prêtre des Prémontrés. Prieur du Mont Sainte-Odile pendant vingt ans, il a publié une histoire des couvents de Sainte Odile qui est un véritable monument. Nous avons souvent utilisé les écrits de Dionysius pour la rédaction des articles de notre site. En frontispice de son ouvrage, Albrecht propose une image du Mont Sainte-Odile, vu de la plaine. La voici.

Page de garde du livre de Dionysius Albrecht, History von Hohenburg, 1751

Page de garde du livre de Dionysius Albrecht, History von Hohenburg, 1751

L'image représente de Mont avec ses deux principaux accès d'alors pour le pélerin : la montée la plus fréquentée par Ottrott et sa variante en passant par Saint-Nabor. Tâchons d'expliciter les deux itinéraires.

A droite de l'image, passé Ottrott, le pélerin gagne Saint-Gorgon avec son petit oratoire recréé par Dionysius et sa métairie. Ensuite il rejoint au pied du Stollhafen la chapelle de la Visitation avant de rejoindre le monastère de Sainte Odile : Hohenburg.

La chapelle de la Visitation de la Vierge est oubliée aujourd'hui. Il ne nous reste qu'un petit dessin publié par Silbermann peu avant la Révolution. A partir de la 'voie romaine' et de son pavement, un sentier mène à ce qui semble plutôt un oratoire qu'une véritable chapelle.

A gauche de la gravure de Dionysius, le chemin de Saint Nabor passe devant la chapelle Saint-Nicolas de Niedermunster, devant les ruines du couvent du bas : Niedermunster, la chapelle Saint-Jacques, puis la source miraculeuse d'Odile.

Éclairons maintenant le bas du dessin qui représente la Ville d'Obernai.

Page de garde du livre de Dionysius Albrecht, History von Hohenburg, 1751 (détail)

Page de garde du livre de Dionysius Albrecht, History von Hohenburg, 1751 (détail)

La Ville Impériale est enserrée derrière ses remparts. Situons les principaux monuments.

Entourée de vignes, la ville dispose d'une double ligne de remparts et, dans les fossés, les eaux de l'Ehn renforcent le système de défense. L’Église paroissiale et le cimetière sont situés en dehors des murs. Le Kappelturm domine la ville. Nous avons donné aux quatre portes fortifiées leurs noms d'alors. Albrecht représente la ville,vue de l'Est.

Trois rayons de lumière tombent de l'Esprit Saint sur la maison natale d'Odile.

Voici un plan de la ville fortifiée du temps de sa splendeur.

La représentation d'Obernai est plutôt bien faite. Si les multiples tours des remparts sont omises, les principaux bâtiments sont représentés et bien situés. Seuls le Schwal et sa herse située à la sortie de l'Ehn de la ville semblent avoir été oubliés.

Dionysius Albrecht – Anführung der Wallfahrer auf dem Odilienberg – 1752

L'année suivante, notre bon prieur publie à l'attention des pèlerins un guide Mont Sainte-Odile. Voici la gravure qui accompagne l'opuscule.

Dionysius Albrecht – Anführung der Wallfahrer auf dem Odilienberg – 1752

Dionysius Albrecht – Anführung der Wallfahrer auf dem Odilienberg – 1752

L'idée de Dionysius est la même que pour l'ouvrage précédent. Notre prieur ajoute une troisième voie d’accès au Mont. Tous les chemins mènent au couvent d'Odile. En élargissant un rien vers le sud, Albrecht propose une montée en passant par la prévôté de Truttenhausen.

 

Au premier plan, nous retrouvons la Ville d'Obernai.

Dionysius Albrecht – Anführung der Wallfahrer auf dem Odilienberg – 1752 (détail)

Dionysius Albrecht – Anführung der Wallfahrer auf dem Odilienberg – 1752 (détail)

Lignes moins géométriques, le dessin est plus plaisant. Tentons une lecture des lieux.

Si les remparts, les portes, l'église hors les murs et le Kappelturm sont bien identifiables. Que représente l'immense édifice religieux situé au centre de la ville? Je ne sais.

Dionysius Albrecht – Page de garde du Guide du Pélerin de Sainte-Odile  – 1752

Dionysius Albrecht – Page de garde du Guide du Pélerin de Sainte-Odile – 1752

Les deux images de Dionysius nous montrent à leur façon le Mont vu de la plaine. Selon, notre Etienne, çà ressemble plutôt à ceci.... mais bon, nos artistes du passé avaient, comme Etienne, bien du talent.

 

François Isnard – Kindliche Befehlung… - ~1720

Quelques années auparavant, François Isnard a gravé une Vierge de Piété qui nous intéresse au plus haut point. Il s'agissait, peut on présumer, de la copie d'un tableau qui ornait la Chapelle du Mont des Oliviers à Obernai. Le tableau pouvait dater des travaux d'agrandissement de cette chapelle en 1696. Le tableau a disparu et l'auteur est resté inconnu.

Bois gravé de François Isnard, source Numistral BNU

Bois gravé de François Isnard, source Numistral BNU

Cette gravure est intitulée 'Kindliche Befehlung zur der schmertzhafften Mutter Gottes Maria von ihrer wunderthänigen Bildnuss unter dem Oelberg zu Ober Ehnheim.’ Le bois est de petites dimensions : 147 mm sur 85 mm. Le texte allemand qui acccompagne l'image est une prière adressée à Marie. Concentrons nous sur la ville d'Obernai, dessinée au pied de l'image.

Ici encore, le Kappelturm et son couronnement ne laisse pas place au doute. nous sommes bien à Obernai. Comme sur la deuxième image de Dionysius, nous retrouvons cette immense église dans les remparts. Sous cet angle, il peut sembler qu'il s'agisse de l'église des Capucins. Nous sommes cependant bien loin des dimensions des restes actuels...

 

Quelques autres représentations anciennes de la ville d’Obernai
La tapisserie de Sainte Odile - ~1450

Commençons par la plus ancienne, à notre connaissance. La Tapisserie de Sainte Odile est exposée au Musée de l’œuvre Notre-Dame à Strasbourg. Allez-y! Elle a été offerte au monastère Saint-Etienne par Clémentine de Rathsamhausen zum Stein. La tapisserie retrace la vie d'Odile (voir notre article), lors de l'épisode de la construction des couvents, derrière Odile, on aperçoit la Ville d'Obernai.

Le Kappelturm qui n'est pas encore couronné de son dernier étage en 1450 semble en flammes. La ville est cernée de corbeaux.

Stèle funéraire Obernai – 1615

Derrière l'église d'Obernai, adossée au mur du cimetière, une stèle funéraire représente des bourgeois et bourgeoises agenouillées devant un Christ en croix.

Bien que le grès soit fortement érodé, l'arrière plan de la sculpture ne peut qu'attirer l'attention.

Comme moi, vous discernez les remparts de la ville. Tours, meurtrières et créneaux.


 

Augustin Güntzer, Kleines Biechlin von meinem gantzen Leben - ~1660

Augustin était potier d'étain. Il habitait sur la Grand Place d'Obernai. Il a connu une vie remplie d'aventures, de voyages, il connu la guerre de Trente Ans. Il a raconté sa vie dans un petit livre qu'il a agrémenté de plusieurs dessins certes simplistes, mais fort précis. Deux d'entre eux représentent notre ville d'Obernai.
Le lecteur intéressé se reportera à notre article qui détaille ces deux images.

Place du Marche d'Obernai, Augustin Güntzer, ~1660
 

Jean-Martin Weiss, gravure - 1761

Terminons par la gravure de Weiss d'après le dessin de Barbier (1759).
Voilà tout d'abord une vue d'ensemble de la ville, vue du Sud-Est, comme si nous venions de Sélestat.


 

Ville d'Obernai, J.M. Weiss, 1761

Ville d'Obernai, J.M. Weiss, 1761

Et puis, voici la Ville elle-même, avec l'emplacement des monuments les plus connus.

Ville d'Obernai, J.M. Weiss, 1761

Sources
  • D. Albrecht, History von Hohenburg, 1751
  • D. Albrecht, Anführungen der Wahlfarter auf dem Heiligen Odilien-Berg, 1752
  • J.A. Silbermann, Beschreibung von Hohenburg oder dem St. Odilienberg, 1781
  • H. Haug, Les bois populaires alsaciens, de , 1929
  • M.T. Fischer, Les jalons de la prière à Hohenbourg, 2002
  • C. Muller, Obernai, Histoire et Patrimoine, 2002
Illustrations
  • Les deux dessins des livres de Dionysus Albrecht sont tirés à partir des gravures sur cuivre de A.D Dannecker.
  • Le dessin représentant la Vierge de Pitié et la ville d’Obernai est intitulé ‘Kindliche Befehlung zur der schmertzhafften Mutter Gottes Maria von ihrer wunderthänigen Bildnuss unter dem Oelberg zu Ober Ehnheim’, source Numistral B.N.U.
  • Schéma des remparts d’Obernai, PiP
  • Carte aérienne du Mont, Etienne
  • Monument funéraire obernois, photographies Etienne
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F
C'est amusant ça ! On n'a vraiment pas d'idée de ce qu'est cette grande église ? Est-ce qu'il pourrait aussi s'agir des Capucins dans la première image ?
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P
La position de l'édifice pose question.... il semble dans les murs de la ville, et non dans le faubourg. Il faudrait que je regarde dans le livre de Gyss pour me montrer plus affirmatif.